Psychiatre confronté au stress des soldats rentrant du front, officier dans l'armée américaine mais fervent musulman opposé à la guerre: le tireur de Fort Hood a une personnalité complexe qui a évolué imperceptiblement vers le radicalisme ou l'exaspération.

Le mobile qui a poussé le commandant Nidal Malik Hassan, 39 ans, à ouvrir  le feu jeudi sur ses camarades sur la base militaire de Fort Hood au Texas (sud), tuant 13 personnes et en blessant 28 autres, restait inconnu au lendemain de la tuerie.

«Jihadiste» ou officier musulman dont les nerfs auraient soudain lâché ? Le commandant de la base, le général Bob Cone, a déclaré sur la chaine NBC que des soldats l'avaient entendu crier «Allah Akbar» («Dieu est le plus grand» en arabe) en ouvrant le feu.

Des commentaires postés sur un site Internet par un internaute portant son nom et saluant l'action des auteurs d'attentats suicide, n'avaient pu être identifiés comme venant effectivement de lui.

S'entraînant activement ces derniers temps au maniement des armes, Nidal Malik Hassan aurait été sur le point d'être mobilisé. Il avait déclaré à plusieurs reprises à ses proches qu'il ne voulait pas partir pour l'Irak ou l'Afghanistan, selon des témoignages de sa tante, Noel Hassan, et d'un cousin,  Nader Hassan.

Devenu très pratiquant après la mort de ses parents --des immigrés palestiniens-- en 1998 et 2001, cet homme au visage rond et dégarni fréquentait avec assiduité une mosquée et s'était inscrit dans une agence matrimoniale islamique, souhaitant trouver une épouse également pieuse, rapporte le Washington Post.

Sa famille raconte qu'il s'était dit victime de harcèlement après les attentats du 11 septembre 2001 et qu'il avait essayé de quitter l'armée, recourant même aux services d'un avocat.

Jeudi matin, quelques heures avant la fusillade, Nidal Malik Hassan s'est rendu à 6H30 dans une supérette pour acheter un café, vêtu d'une tunique et d'une calotte traditionnels, selon un enregistrement d'une caméra de surveillance diffusé par CNN.

Il s'est ensuite changé pour aller travailler à son emploi de psychiatre militaire qu'il a obtenu après s'être enrôlé à la fin des années 1990 et avoir fait des études financées par l'armée.

Cet emploi l'a amené à rencontrer des dizaines de militaires rentrant d'Irak ou d'Afghanistan, d'abord au Centre Walter Reed de Washington, puis à Fort Hood ces derniers mois. Sa tante raconte l'avoir vu «complètement traumatisé par certains blessés souffrant de blessures physiques et morales terribles».

Né en Virginie (est), Nidal Malik Hassan est décrit par sa famille et ses collègues comme un homme réservé et solitaire, calme et ne cachant pas son opposition farouche aux guerres d'Irak et d'Afghanistan.

«Il espérait que le président Barack Obama retirerait les troupes et avait été très choqué qu'il ne le fasse pas», a souligné son cousin Nader Hassan, cité par le New York Times.

Blessé lors de la fusillade, Nidal Malik Hassan était hospitalisé vendredi et ses jours ne semblaient pas en danger, selon des sources médicales.