Le président américain Barack Obama, élu à un moment ou l'économie des États-Unis sombrait, est crédité d'un bon bilan économique pour avoir conjuré la dépression qui guettait, mais il va lui falloir à présent consolider la croissance.

Pour la majorité des économistes, les mesures vigoureuses prises par l'administration Obama, ajoutées à celles de la banque centrale (Fed), ont évité des problèmes bien plus graves que ceux que connaît la première économie mondiale.

Les chiffres officiels du PIB, publiés jeudi, ont confirmé que les États-Unis étaient sortis de la récession pendant l'été, plutôt en force d'ailleurs, avec un taux de croissance de 3,5% en rythme annuel au troisième trimestre.

M. Obama y a vu le signe que la récession «est en train de se dissiper», mais a prévenu qu'il restait beaucoup à faire pour que l'économie se rétablisse pleinement.

«La politique menée n'est pas allée sans problèmes, mais dans l'ensemble, elle a globalement réussi à stabiliser le système financier et à apporter la relance», résume l'économiste en chef de DB Advisors (groupe Deutsche Bank), Josh Feinman.

«Je pense que l'administration a très bien géré la crise, mais il reste à voir comme elle va faire face à la sortie de crise», relève également Sung Won Sohn, de l'université California State.

«Le patient est sorti des soins intensifs mais est toujours sous traitement. Si on lui enlève ses médicaments trop vite il pourrait y avoir une rechute», poursuit-il.

M. Obama reste attendu sur des mesures concrètes pour créer des emplois, sachant que «les pertes d'emploi ont ralenti, mais il y en a toujours», selon M. Feinman. «On pourrait avoir des crédits d'impôts ciblés pour créer des postes ou autre chose», avance-t-il.

Principal point noir, la reprise ne crée pas encore d'emplois et cette persistance du chômage, à 9,8% en septembre, le taux le plus élevé depuis plus de 25 ans, devrait longtemps peser sur la confiance.

Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, s'est voulu rassurant dimanche: il a estimé que l'économie américaine devrait recommencer à créer des emplois dès le premier trimestre 2010.

C'est une évaluation plus optimiste que celle de la banque centrale, la Réserve fédérale, qui prévoit que le chômage ne devrait pas baisser «sensiblement» en 2010. Quant au Fonds monétaire international, il voit le chômage baisser à partir du second semestre 2010, mais «progressivement».

Pour l'économiste en chef de Mesirow Financial, Diane Swonk, le président n'a pas eu le temps d'imprimer tout à fait sa marque.

«Une grosse partie du plan de relance n'a pas été conçu par l'administration, il l'a été par le Congrès et il n'est pas aussi ciblé qu'il aurait pu l'être», souligne-t-elle.

Ce plan de 787 milliards de dollars a été promulgué le 17 février par un président entré en fonctions moins d'un mois auparavant. Malgré le consensus d'origine sur la nécessité d'un tel plan, il a été très critiqué par l'opposition républicaine et la division de la classe politique «a fait du tort à l'économie», estime Mme Swonk.

M. Sohn rappelle au contraire combien l'arrivée de M. Obama a été un dopant pour une économie très mal en point.

«La confiance a été cruciale, comme quand Roosevelt est arrivé à la présidence en 1933. Il a dépensé beaucoup d'argent et engagé de nouveaux programmes mais l'élément à retenir c'est qu'il a réussi à améliorer la confiance», considère-t-il.