La fin annoncée de l'imbroglio électoral afghan lève un obstacle majeur devant la décision très attendue de Barack Obama quant à l'envoi de renforts.

Avec l'annulation du second tour de la présidentielle et la victoire proclamée du sortant Hamid Karzaï, M. Obama voit disparaître une sérieuse inconnue à l'heure de décider si, malgré des pertes de plus en plus lourdes, il envoie ou non les dizaines de milliers d'hommes supplémentaires réclamés par son commandant en Afghanistan. Cette décision stratégique semblait tributaire du second tour prévu samedi prochain. La question se pose désormais de savoir si M. Obama va annoncer dans les jours à venir sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan et le voisin pakistanais. Ou bien différera-t-il sa décision, peut-être au-delà du 19 novembre, quand il reviendra d'une tournée en Asie ?

Si l'administration Obama a félicité M. Karzaï et assuré que la légitimité de l'élection n'était pas affectée, elle ne s'était toujours pas exprimée publiquement lundi matin, sur l'effet d'accélération qu'aurait la nouvelle donne sur le réexamen en cours de la stratégie afghane.

M. Obama a programmé cette semaine de nouvelles consultations sur la stratégie afghane.

Au-delà de la tenue ou non d'un second tour, le gouvernement américain avait cependant pris les devants d'une victoire de M. Karzaï, qui ne faisait guère de doute, et se préparait à travailler avec lui.

«Nous félicitons le président Karzaï pour sa victoire dans cette élection historique et continuerons de travailler avec lui, sa nouvelle administration, le peuple afghan et nos partenaires de la communauté internationale», a dit l'ambassade des États-Unis à Kaboul dans un communiqué.

Pour l'administration Obama, qui avait poussé M. Karzaï à accepter un second tour, l'annulation de celui-ci écarte le danger des violences promises par les talibans contre le scrutin et le risque qu'un nouvel embrouillamini ne repousse durablement la proclamation des résultats.

Mais l'étendue de la fraude constatée au premier tour de la présidentielle a altéré la légitimité de M. Karzaï. M. Obama doit donc dire s'il accepte de déployer des renforts dans un pays dirigé par un tel gouvernement, malgré  la crainte d'un enlisement et une opposition croissante à cette guerre dans l'opinion américaine.

Le commandant américain en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, demanderait plus de 40.000 soldats supplémentaires, en plus des près de 68.000 déjà sur place.

Devant le risque de divisions accrues entre Afghans, le gouvernement américain espère qu'Abdullah Abdullah, le principal rival de M. Karzaï lors des élections, continuera à participer au dialogue national.

Cependant, l'administration a indiqué la semaine passée qu'elle comptait s'en remettre davantage aux autorités locales. «La nature même de l'Afghanistan est de n'avoir jamais eu un gouvernement central fort», disait la secrétaire d'État Hillary Clinton.

Elle signifiait clairement que le gouvernement Obama avait des objectifs plus modestes que l'administration Bush: empêcher que l'Afghanistan ne serve à nouveau de sanctuaire à Al-Qaeda, plutôt qu'y construire une démocratie de toutes pièces. Par le passé, «on a peut-être trop mis l'accent sur le gouvernement central et sur cette idée qu'on pourrait construire un pays et transformer l'Afghanistan du jour au lendemain», disait-elle.