Un an après la présidentielle américaine, le vaste élan populaire qui a donné aux États-Unis le premier président noir de son histoire s'est transformé en tiède soutien à mesure que Barack Obama se frottait à l'exercice du pouvoir

Stratégiquement installé à l'angle d'un carrefour animé de Washington, «Dick» vend sur un étal la panoplie complète du parfait touriste visitant la capitale fédérale: casquettes, tee-shirts et même des bijoux.

Quid des objets à l'effigie de M. Obama, pourtant un des symboles de la ville? «Ils sont restés dans le camion, dit-il en désignant un vieux véhicule rouillé. Ça ne se vend plus».

De fait, la lune de miel du président Obama avec les Américains aura duré moins de six mois.

Au lendemain de son investiture, fin janvier, le président culmine à près de 70% d'opinions favorables. L'heure est à la mise en place des grands chantiers, comme le gigantesque plan de relance de l'économie de 787 milliards de dollars.

Fin avril, à la fin des 100 premiers jours de son mandat, M. Obama bénéficie encore d'opinions plus positives que ses prédécesseurs depuis vingt ans.

Mais la chute ne tarde pas à venir alors que l'opinion s'interroge sur la capacité du président américain à redresser une économie en plein désarroi.

En juillet, sa cote de popularité passe même en dessous de celle de son prédécesseur George W. Bush à la même période de son mandat.

Depuis la mi-octobre, elle dépasse difficilement les 50%, indique à l'AFP Frank Newport, un analyste de l'institut de sondage Gallup.

«La cote de M. Obama est légèrement en dessous de celles des présidents américains depuis la Seconde Guerre mondiale», remarque M. Newport, selon qui la situation économique «contribue sans aucun doute» à freiner l'enthousiasme des Américains.

«De manière générale, les Américains ne sont pas très satisfaits de la manière dont les choses se passent aux États-Unis», dit-il.

Conséquence directe: les produits dérivés à l'effigie du président accusent eux aussi de sérieuses baisses de popularité dans les boutiques de souvenirs qui pullulent à Washington.

«Les ventes ont vraiment ralenti depuis que M. Obama a pris ses fonctions», observe un vendeur, Vin Ngo.

Ce n'est pourtant pas faute d'une offre pléthorique: de l'effigie en carton grande nature à la cuillère dorée l'or fin, en passant par la bouteille de champagne cuvée spéciale investiture, on trouve de tout sur le président Obama.

Au rayon des nouveautés, une bande dessinée racontant la vie des deux filles Obama, Malia et Sasha, à la Maison-Blanche explique que le président n'est pas censé faire la sieste ni jouer au basket dans le Bureau ovale, même si c'est son sport favori.

Le chien des Obama, Bo, a également fait son apparition avec une série de badges dont l'intitulé «Bo, commandant en laisse» rappelle la fonction de «commandant en chef» des armées du président américain.

La popularité de Barack Obama ne saurait toutefois s'arrêter aux sondages ou aux ventes de produits dérivés, elle relève également du «phénomène culturel», promis à perdurer, avance le professeur Clyde Wilcox, de l'université Georgetown de Washington.

«C'est le premier président afro-américain, c'est un homme jeune qui a déjà remporté de grandes victoires. C'est un phénomène culturel aux États-Unis et partout dans le monde», explique-t-il.

Il n'y a dans ces conditions rien d'étonnant à voir chez Lian Nelson, un autre marchand de rue de Washington, des tee-shirts Obama côtoyer ceux d'un autre héros noir américain, Michael Jackson, même si le «roi de la pop» le devance nettement en termes de ventes.