La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a annoncé une nouvelle salve d'aides économiques au Pakistan jeudi, au deuxième jour d'une visite qu'elle veut consacrer à améliorer l'image des États-Unis auprès de cet allié précieux.

«Je ne suis pas seulement ici pour la diplomatie officielle (...) mais pour répondre aux questions que se posent les gens au Pakistan», a insisté la chef de la diplomatie américaine dans une interview diffusée par les principales télévisions pakistanaises. Après un plan de 125 millions de dollars pour améliorer l'approvisionnement en électricité et une aide de 85 millions de dollars à un fonds public de lutte contre la pauvreté, Mme Clinton a promis jeudi 45 millions de dollars pour l'éducation supérieure.

Le département d'État a aussi annoncé un effort de 103,5 millions pour aider la police engagée à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, le principal lieu de refuge et de combat des talibans alliés d'Al-Qaeda.

Ce soutien sera affecté à la formation des policiers.

Invitée à dialoguer avec des étudiants à Lahore (est), deuxième ville et capitale intellectuelle du Pakistan, Hillary Clinton a enfin annoncé que les États-Unis financeraient la mise en route du réseau de socialisation pakistanais «Humari Awaz» (notre voix), qui fonctionne sur la base de textos échangés entre téléphones portables.

La secrétaire d'État a par ailleurs dû s'expliquer une nouvelle fois sur la récente loi Kelly-Lugar-Berman.

Ce texte prévoit de tripler l'aide américaine au Pakistan, en la portant à 7,5 milliards de dollars sur cinq ans, mais il est décrit par l'opposition et la plupart des médias comme un moyen pour Washington de dicter sa loi aux Pakistanais.

«À l'évidence, nous nous pas été très bons dans nos explications», a reconnu Mme Clinton, avant de répéter que «les États-Unis n'ont pas l'intention d'enfreindre la souveraineté du Pakistan».

«Les États-Unis ne veulent pas d'une relation à sens unique avec votre pays. Nous devons être de véritables partenaires», a-t-elle insisté face à quelque 200 jeunes réunis, sous haute sécurité, dans l'amphithéâtre du Government College de Lahore.

Elle a aussi justifié fermement l'alliance entre Washington et Islamabad face à l'extrémisme islamiste. Mercredi, son arrivée avait été ponctuée par un attentat à la voiture piégée qui a fait 105 morts à Peshawar (nord-ouest).

«Que se passerait-il si nous avions des terroristes au Canada, réclamant une portion au nord des États-Unis? Notre gouvernement ferait exactement ce que fait votre gouvernement, et nous l'admirons pour ce qu'il fait», a-t-elle rétorqué à une étudiante, qui lui demandait «pourquoi les États-Unis forcent le Pakistan à faire la guerre à la frontière avec l'Afghanistan».

Avant cette rencontre, la secrétaire d'État a visité la mosquée Badshahi, l'une des plus grandes du monde. Elle devait participer dans l'après-midi à une table ronde avec des hommes d'affaires, avant de regagner Islamabad.

Son étape à Lahore est entourée de mesures de sécurité particulièrement draconiennes.

La population est tenue à distance sur les différents parcours, au long desquels sont postés des centaines de soldats à quelques mètres d'intervalle. À plusieurs carrefours, de grandes pièces de tissu opaque bloquent la vue et ferment l'accès depuis les rues adjacentes.

La visite prévue d'un mausolée soufi à Lahore a aussi été remplacée au dernier moment par celle d'un monument semblable à Islamabad tôt jeudi matin.