Depuis sa défaite à la présidentielle américaine de 2008, John McCain s'est avéré un opposant loyal de Barack Obama, tandis que sa colistière Sarah Palin semble préparer la revanche républicaine aux élections de 2012.

Cultivant sa réputation de «franc-tireur» qui n'en fait qu'à sa tête, John McCain a été l'un des rares républicains à féliciter le président pour son prix Nobel. Il n'en a pas moins combattu la réforme de l'assurance maladie et le plan de relance du président démocrate.

John McCain se montre «courageux, direct, comme si la campagne puis la défaite lui avaient redonné de l'énergie», dit de lui l'ancien haut fonctionnaire Stephen Hess, aujourd'hui membre du centre de réflexion Brookings Institution.

Le sénateur de l'Arizona, ancien collègue de M. Obama au Congrès, est régulièrement consulté par la Maison Blanche sur la stratégie à suivre en Afghanistan.

«Sur les questions de sécurité nationale, il maintient la pression sur Obama», souligne M. Hess.

«Il s'est avéré un opposant loyal à Obama», note le politologue Julian Zelizer, de l'Université de Princeton. Dans un Congrès agité tous les deux ans par des élections, «il a toujours été l'un des parlementaires les plus sérieux et il est difficile d'imaginer beaucoup d'autres sénateurs qui pourraient jouer ce rôle».

Agé aujourd'hui de 73 ans, John McCain compte bien se représenter en 2010 pour un nouveau mandat au Sénat, où il siège depuis 23 ans. Sarah Palin, elle, semble avoir de plus hautes ambitions, alors que la prochaine course à la Maison Blanche s'amorcera dès le début de 2010.

Celle qui avait donné au «ticket» républicain une couleur résolument conservatrice, tape sans retenue sur l'administration. Elle s'est opposée au projet de réduction des gaz à effet de serre et a accusé Barack Obama de vouloir instaurer des «tribunaux de la mort» avec sa réforme de l'assurance maladie, qui verrait selon elle des «bureaucrates» décider qui a le droit ou pas d'être soigné.

«Elle cherche à devenir la voix du parti républicain», estime M. Zelizer.

A 45 ans, celle qui s'était posée pendant la campagne en «pitbull avec du rouge à lèvres» a créé la surprise en juillet en abandonnant son poste de gouverneur de l'Alaska, sans véritable explication.

Il n'en fallait pas plus pour imaginer qu'elle entend se consacrer entièrement à ses préparatifs de campagne. Avec le risque qu'on vienne lui dire: «comment pouvez-vous vouloir devenir présidente des Etats-Unis si vous ne voulez même plus de l'Alaska?» relève M. Hess.

Après s'être installée sur le site de socialisation Facebook, elle a écrit un livre, Going Rogue (Virer rebelle), qui ne sort que le 17 novembre mais est en tête des commandes depuis début octobre et pour lequel elle a reçu une avance de 1,25 million de dollars US, selon un journal local qui se base sur des documents officiels.

Entre son livre et ses discours, «elle va devenir une femme très riche. Il faudra compter avec elle dans l'équation du parti républicain», estime M. Hess, avec un bémol: «elle est devenue une star, pas forcément une femme politique».

Pour l'heure, la cote de Sarah Palin est en berne. Elle n'obtient que 18% des intentions de vote chez les électeurs républicains, selon un sondage Rasmussen.

Pour M. Zelizer, il lui sera «très difficile» de remporter les primaires républicaines, encore plus la présidence. Son manque de maîtrise de la politique étrangère et son positionnement à l'aile droite du parti «continueront à la gêner», prévoit-il.

Elle pourrait cependant profiter de l'absence de chef au sein d'un parti où, relève l'expert, «il n'y a pas de candidat naturel».