Le ministre pakistanais des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi est revenu en catastrophe à Washington pour faire part des préoccupations de son pays au sujet de l'aide financière américaine qui inquiète notamment l'armée pakistanaise, selon des responsables.

Le ministre qui se trouvait déjà à Washington la semaine dernière, devait rencontrer mardi des parlementaires du Congrès américain qui ont participé à l'élaboration du plan d'aide financière, ont indiqué des responsables du Congrès et des responsables pakistanais.

Le Congrès américain a voté le 30 septembre le triplement de l'aide financière américaine au Pakistan, soit 7,5 milliards de dollars sur cinq ans.

Mais il y a attaché des conditions très strictes, imposant en contrepartie à Islamabad, notamment, de mettre un terme au soutien à certains «groupes terroristes», un droit d'accès à certains Pakistanais qui travaillent dans le secteur du nucléaire militaire et de rendre des comptes régulièrement sur l'avancée de la lutte antiterroriste.

Ces conditions ont provoqué un certain émoi dans la presse pakistanaise et l'opposition, qui a hurlé au «viol» de la souveraineté nationale.

Mais elles ont surtout provoqué une réaction publique des chefs militaires qui ont fait part de leurs «inquiétudes sérieuses», évoquant «des clauses qui affectent la sécurité nationale».

Lors d'une conférence de presse commune mardi à la mi-journée, M. Qureshi est apparu aux côtés du sénateur démocrate John Kerry, un des artisans du plan d'aide. A cette occasion, M. Kerry, a catégoriquement réfuté les accusations lancées par une partie de l'opinion publique pakistanaise.

«Il n'y a rien dans ce (plan d'aide) qui affecte la souveraineté du Pakistan. Point final. Fin de la discussion. Et il n'est pas dans nos intentions d'agir autrement», a dit M. Kerry, qui doit s'envoler mercredi pour un voyage au Pakistan et en Afghanistan.

Le porte-parole du département d'Etat a indiqué par ailleurs que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton espérait se rendre au Pakistan prochainement.

«Je crois qu'elle espère aller bientôt au Pakistan», a déclaré Philip Crowley sans autres détails lors du point de presse quotidien.

M. Crowley a par ailleurs estimé que le débat en cours au parlement pakistanais sur l'aide américaine était normal et «sain».

Le prochain voyage planifié de la chef de la diplomatie américaine doit l'amener au Maroc dans les premiers jours de novembre.