Barack Obama, 48 ans, lauréat du Prix Nobel de la Paix 2009, a surgi de nulle part en quelques années pour devenir le premier président noir des États-Unis, mais son pays se débat dans des conflits armés alors qu'il appelle à un monde de paix.

Moins d'un an après son élection, neuf mois après son entrée en fonctions, le comité Nobel a salué «ses efforts extraordinaires en vue de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples» et sa «vision et (ses) efforts pour un monde sans armes nucléaires». Après les années d'unilatéralisme de la présidence de George W. Bush, son élection avait suscité un espoir international. Après avoir promis de rétablir l'image de son pays dans le monde, il s'y est attaché dans une série de discours.

C'est ainsi à Prague qu'il avait en avril dernier appelé à monde sans armes atomiques, avant de prononcer au Caire au mois de juin un grand discours au «monde musulman», réfutant toute «guerre de civilisations» et promettant de redoubler d'efforts pour tenter de régler le conflit israélo-palestinien.

Mais les résultats sont encore minces, même s'il a engagé le mouvement de retrait d'Irak et la fermeture de la prison de Guantanamo. Et le Nobel le couronne au moment même où il est à la recherche d'une stratégie en Afghanistan, où des dizaines de milliers de soldats américains sont engagés face aux talibans.

Sur le front intérieur, après un état de grâce, il peine à faire passer son ambitieux projet d'extension de la couverture santé.

Pour prôner la tolérance et le dialogue, Obama met en avant ses origines métissées, jouant de sa prestance physique et de sa chaude voix de basse pour s'attirer la sympathie.

Mais aux États-Unis aussi, pays où les Noirs ne jouissent vraiment de leurs droits civiques que depuis moins d'un demi-siècle, l'obscur sénateur de l'Illinois a effectué en quelques années un chemin extraordinaire, incarnant le visage d'une Amérique rajeunie et en paix avec elle-même.

Pour être le président de cette réconciliation et du «rêve américain», il revendique l'héritage de deux héros, l'apôtre des droits civiques Martin Luther King et le président John Kennedy (1961-1963).

Lorsqu'il naît, le 4 août 1961 à Hawaii, d'un père noir du Kenya et d'une mère blanche du Kansas (centre), les mariages interraciaux étaient interdits dans beaucoup d'États du sud de l'Union (leur légalisation a été imposée par la Cour suprême en 1967).

Elevé par sa mère en Indonésie, puis à Hawaii par ses grand-parents maternels, Obama est d'abord un intellectuel. Diplômé de l'Université Columbia à New York, travailleur social dans les ghettos du sud de Chicago, il intègrera la prestigieuse université de Harvard.

Il rejoint un cabinet d'avocats où il rencontre celle qui deviendra sa femme, Michelle, elle aussi diplômée de Harvard. Le couple a deux filles: Malia, 11 ans, et Sasha, 8 ans.

Élu en 1997 du quartier le plus déshérité de Chicago, il échoue en 2000 à la porte de la Chambre des représentants, mais est élu sénateur en 2004, devenant l'unique Noir de la haute assemblée.

Son ascension météorique vers la Maison-Blanche commence un soir de juillet 2004 lorsque, modeste élu de Chicago, il intervient devant la convention démocrate, plaidant la réconciliation des Américains au-delà des différences de race, d'âge ou de sexe.

Handicapé par un nom qui évoque celui d'Oussama ben Laden, il ne se lance pas moins à la conquête de la Maison-Blanche au début de 2007.

«Qui aurait cru qu'un Noir d'une quarantaine d'années, nommé Barack Obama, deviendrait un jour le candidat du parti démocrate?», lançait-il après avoir battu Hillary Clinton lors de primaires démocrates âprement disputées.

Profitant de la crise financière de septembre 2008, il creuse l'écart avec son adversaire républicain John McCain qu'il bat lors du scrutin du 4 novembre, avant d'entrer triomphalement à la Maison-Blanche le 20 janvier 2009.