Barack Obama a étendu mercredi le vaste réexamen de la stratégie en Afghanistan au Pakistan voisin, pays qui pèsera lourd dans la décision du président américain d'envoyer ou non des renforts en Afghanistan, prenant le risque d'une escalade après huit ans de guerre.

Barack Obama réunissait dans l'après-midi son équipe de sécurité nationale huit ans jour pour jour après que son prédécesseur George W. Bush eut ordonné de frapper les installations militaires des talibans et les camps d'Al-Qaeda et de leur faire «payer le prix» des attentats du 11-Septembre.

Le président, qui a hérité de l'une des plus longues guerres jamais livrées par les Américains, est appelé à décider dans les prochaines semaines s'il accède à la demande de renforts de son commandant en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, s'il la rejette ou s'il transige. Il est soumis aux pressions de toutes parts.

Le général McChrystal demande jusqu'à 40.000 soldats supplémentaires, malgré l'opposition grandissante des Américains à un conflit qui ne fait que s'intensifier après avoir tué près de 800 des leurs et qui suscite de plus en plus de comparaisons avec l'enlisement américain au Vietnam ou le retrait soviétique d'Afghanistan.

Sans renforts dans les douze mois, la mission afghane court à l'échec, estime le général McChrystal.

M. Obama est engagé dans d'intenses consultations avant de prendre l'une des décisions les plus importantes de sa présidence. Ses collaborateurs délivrent au compte-gouttes les indications sur l'état de sa réflexion.

Le président américain s'est dévoilé un peu mardi quand, selon un responsable de l'administration, il a assuré à des parlementaires qu'il n'entendait pas réduire considérablement le contingent actuel, ni passer à une stratégie se désintéressant des talibans pour se concentrer exclusivement sur les membres d'Al-Qaeda.

Une telle stratégie passait communément pour avoir les faveurs du vice-président Joe Biden, voix importante dans ces délibérations. Mais MM. Obama et Biden se seraient inscrits en faux contre cette perception mardi avec les parlementaires, ne s'opposant pas à un recours accru aux frappes aériennes et aux opérations ciblées, mais indiquant que le nombre de soldats resterait à peu près le même: environ 68.000.

Dans tous les cas, les collaborateurs de M. Obama ont signifié que la nouvelle stratégie ferait une place importante au Pakistan.

Le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, a souligné que «la plupart, sinon presque tous» les membres d'Al-Qaeda qui chercheraient à s'en prendre à nouveau aux États-Unis étaient à présent au Pakistan.

L'une des grandes questions en débat consiste à savoir si un retour en force des talibans en Afghanistan implique obligatoirement celui d'Al-Qaeda.

«Nous savons tous que si les talibans reviennent, Al-Qaeda reviendra», a dit l'ex-adversaire de M. Obama à la présidentielle, le républicain John McCain.

M. McCain et les républicains pressent M. Obama de satisfaire rapidement la demande du général McChrystal.

Les amis démocrates de M. Obama sont plus réticents à l'envoi de renforts.

Les sondages montrent une opposition croissante à la guerre. Selon une enquête réalisée par l'université Quinnipiac, 32% des Américains estiment que les États-Unis «se dirigent vers un nouveau Vietnam».

La répugnance à augmenter les effectifs est renforcée par le déroulement de la présidentielle afghane. Un document confidentiel de l'ONU, révélé par la presse américaine, est venu conforter le soupçon de fraude massive.