Les autorités américaines ont-elles déjoué le premier complot terroriste ourdi par une cellule active d'Al-Qaeda aux États-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001?

C'est une des questions soulevées par l'inculpation d'un Afghan de 24 ans vivant au Colorado pour avoir «intentionnellement comploté avec d'autres pour utiliser une ou plusieurs armes de destruction massive» contre des cibles indéterminées sur le territoire américain entre le 1er août 2008 et le 29 septembre 2009.

Najibullah Zazi, chauffeur de navette à l'aéroport de Denver, a été inculpé hier par un tribunal fédéral de New York. Selon les autorités américaines, il a déjà reconnu devant le FBI avoir séjourné dans un camp d'Al-Qaeda au Pakistan en 2008 avec des associés pour suivre une formation sur l'utilisation d'armes et d'explosifs. Un tribunal fédéral du Colorado ne l'avait pas moins déjà inculpé samedi dernier pour avoir menti à des agents fédéraux.

«Quel a été le rôle d'Al-Qaeda dans ce complot présumé ? Nous ne le savons pas encore», a répondu Steven Emerson, auteur de plusieurs livres sur la menace terroriste aux États-Unis. «Mais nous savons qu'un des suspects a reçu l'aide d'Al-Qaeda au Pakistan. Reste à voir si Al-Qaeda a orchestré cette opération.»

Depuis le 11 septembre 2001, les autorités américaines ont déjoué aux États-Unis quantité de complots terroristes dont les suspects n'avaient aucun lien avec l'organisation d'Oussama ben Laden.

Selon l'acte d'accusation, Zazi possédait sur son ordinateur des instructions sur la manière d'utiliser des produits chimiques ménagers pour fabriquer une bombe semblable à celles utilisées dans les attentats contre le métro de Londres en 2005. Le suspect se serait procuré certains des ingrédients auprès de fournisseurs de salons de beauté et aurait commencé à les mélanger le 6 septembre dans un hôtel muni d'une cuisine, à Aurora, au Colorado.

Les autorités ont intercepté des appels téléphoniques de Zazi à «un autre individu» à qui il aurait demandé, sur un ton de plus en plus pressant, des précisions sur la façon de mélanger les ingrédients nécessaires à la fabrication d'une bombe.

«Le gâteau de mariage est prêt», aurait écrit Zazi dans un texto, faisant allusion à une bombe, selon les autorités policières.

Mais le suspect n'avait pas terminé la fabrication d'une première bombe lorsqu'il a loué une voiture pour se rendre à New York, où il est arrivé le 9 septembre. La veille, selon l'acte d'accusation, il avait fait une recherche sur l'internet pour trouver un magasin de rénovation résidentielle dans Queens où il voulait acheter de l'acide chlorydrique, un autre ingrédient qui lui aurait permis de fabriquer une bombe.

En arrivant à New York, Zazi a appris qu'il était suivi par la police. Il est retourné au Colorado le 12 septembre.

La police de New York a arrêté samedi dernier un imam new-yorkais, Ahmad Wais Afzali, 37 ans, dans la même affaire. Tout informateur de police qu'il est, Afzali est celui qui a mis au courant Zazi de l'enquête policière dont il faisait l'objet. Il a été inculpé pour avoir fait de fausses déclarations à la police et mis en liberté moyennant une caution de 1,5 million de dollars.

Le père du principal suspect dans cette affaire, Mohammed Zazi, 57 ans, a également été inculpé pour avoir menti à la police et mis en liberté contre caution.

Najibullah Zazi, résidant légal, est soupçonné d'avoir voulu faire sauter des bombes sur des trains desservant New York.

L'acte d'accusation n'identifie pas les complices de Zazi. Le document utilise l'expression «armes de destruction massive» comme elle le fait dans toutes les affaires impliquant des explosifs.