A 24 heures de l'ouverture du sommet du G20, la tension montait mercredi à Pittsburgh où les protestataires affûtent leurs slogans face aux autorités qui multiplient les interventions pour sécuriser la ville et éviter tout débordement.

«Nous craignons que les activités des manifestants ne ternissent la belle histoire de Pittsburgh», a déclaré le jeune maire de 29 ans, Luke Ravenstahl, soucieux de montrer lors de la réunion des dirigeants des 20 plus grandes économies de la planète le nouveau visage de l'ancienne cité sidérurgique sinistrée.

A cette fin, il a demandé en renfort plus de 4000 hommes pour épauler les 900 policiers de la ville de Pennsylvanie (est des Etats-Unis).

Mais la police fait preuve d'un zèle un peu trop répressif au goût des anti-G20 venus protester contre le sommet, qui aura lieu jeudi et vendredi.

Mercredi matin, des militants de Greenpeace ont lancé le coup d'envoi des protestations en déployant une bannière de 25 mètres sur 10 sur un pont symbolique de la ville, estampillée «Danger, Climate Destruction Ahead» («Danger. Destruction du climat en vue»).

Après négociations avec la police, les militants ont détaché sans heurts la banderole qui a été «exposée deux heures», a affirmé à l'AFP Gabe Wisniewski, coordinateur de campagne pour l'organisation écologique. «Nous lançons un signal d'alarme», a-t-il expliqué.

Lundi des protestataires ont accusé la police de Pittsburgh de se livrer à des pratiques d'intimidation pour tenter de les décourager de manifester. «Nous avons eu des informations selon lesquelles des gens ont été arrêtés, inculpés, avant d'être relâchés», a affirmé un membre de l'organisation resistG20.org.

Une plainte contre la police a été déposée aux noms des organisations Seeds of Peace et Three Rivers Climate Convergence (3RCC) par la puissante Association américaine de défense des libertés civiles (Aclu).

Les protestataires -écologistes, altermondialistes ou anarchistes- affirment vouloir manifester sans violence mais les autorités de la ville et certains habitants craignent des débordements.

«J'espère qu'ils garderont les manifestants sous surveillance et que ce ne sera pas un deuxième Seattle. Ils ont le droit de manifester mais je suis contre la violence», s'inquiète Nancy Provil, une habitante de cette ville de de 320 000 habitants.

En 1999, à Seattle (Washington, nord-ouest), 50 000 manifestants avaient perturbé violemment une réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

A Pittsburgh, il est difficile de déterminer quel sera le nombre de participants: entre un millier et 10 000, selon les différents organisateurs.

Les autorités ont pris les devants. Des décrets temporaires interdisent la possession de certains objets comme les tuyaux en PVC, le ciment, les câbles ou les menottes. Les forces de police craignent que les manifestants ne s'en servent pour s'enchaîner et bloquer des rues.

Les autorités ont même prévu de la place dans les prisons de la région.

Mercredi, un des groupes anti-G20, le «Pittsburgh G20 Resistance Group», devait tenir un atelier à l'intention des manifestants pour leur apprendre «à survivre» aux policiers anti-émeutes.

Un concert est également prévu, devant attirer quelque 10 000 personnes, a indiqué Patrick Young, du mouvement anarchiste «Pittsburgh Organizing Group».

Jeudi, un millier de personnes sont attendues par les organisateurs d'une marche, le Pittsburgh G20 Resistance Project (PGRP), qui n'a pas demandé d'autorisation de défiler.

Vendredi, une grande manifestation, autorisée, est également prévue.