Barack Obama fait ses grands débuts devant l'assemblée générale de l'ONU mercredi, mais son discours exaltant une nouvelle diplomatie américaine plus ouverte devrait rencontrer une audience instruite par ses premiers mois de présidence et plus sceptique qu'avant.

Dans son premier discours devant l'assemblée annuelle des dirigeants du monde, M. Obama dira «comment il voit la coopération internationale du XXIe siècle et parlera de la nécessité de dépasser les anciennes dissensions pour se concentrer sur l'avenir», annonce l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Susan Rice.

Après la présidence de George W. Bush, dont les relations avec les Nations unies ont été marquées par de graves querelles, M. Obama devrait souligner la nécessité de la coopération face à des défis multiples: programmes nucléaires iranien et nord-coréen, terrorisme, guerre en Afghanistan, changement climatique, maladies pandémiques...

Seulement, M. Obama ne bénéficiera peut-être pas du même a priori favorable qu'au moment de son investiture en janvier.

Dès les premiers jours de sa présidence, M. Obama a annoncé la fermeture de Guantanamo, interdit les pratiques d'interrogatoire assimilées à des actes de torture, tendu la main aux musulmans, engagé l'effort pour résoudre le conflit israélo-palestinien, érigé la lutte contre le réchauffement climatique en grande cause.

«Les Etats-Unis ont changé de manière spectaculaire le ton, la substance et la pratique de leur diplomatie aux Nations unies, leur approche de l'ONU en tant qu'institution ainsi que leur approche du multilatéralisme en général», affirme Mme Rice.

L'idée, c'est que les Etats-Unis ne peuvent obtenir seuls que l'Iran arrête ses activités nucléaires les plus sensibles ou que la Corée du Nord démantèle son arsenal nucléaire. L'un des principes directeurs de la diplomatie énoncés par M. Obama, c'est que les Etats-Unis feront leur part du travail, mais attendent en retour des autres qu'ils fassent la leur.

Il l'a rappelé mardi, à l'ONU justement, en exhortant les pays riches et les grandes économies émergentes à agir «ensemble» contre le changement climatique.

Cependant, M. Obama, dont les mains sont liées par le Congrès, s'est gardé de fixer aux Américains, parmi les tout permiers pollueurs de la planète, un objectif autre que celui de ramener leurs émissions de gaz à effet de serre à leur niveau de 1990 d'ici à 2020. L'Union européenne et d'autres pays riches reprochent aux Etats-Unis de ne pas en faire assez.

Les contraintes intérieures sont manifestes aussi quand il s'agit d'édicter de nouvelles règles du système financier pour éviter une réédition de la crise économique. Ces règles devraient occuper les dirigeants des pays riches et des grandes économies émergentes quand M. Obama les réunira juste après l'ONU jeudi et vendredi à Pittsburgh (est des Etats-Unis).

L'un de ceux qui pourraient se montrer les plus attentifs dans l'auditoire de M. Obama à l'ONU pourrait être le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Il devrait s'exprimer à la tribune de l'ONU le même jour que M. Obama, à un moment critique pour les relations entre les deux pays et pour la politique volontariste du président américain.

Cette politique a été mise à l'épreuve mardi quand M. Obama a réuni les dirigeants israélien et palestinien sans obtenir une relance de leurs négociations.

Les collaborateurs de M. Obama font valoir qu'il a changé l'image des Etats-Unis dans le monde et les sondages leur donnent raison.