Le président américain Barack Obama réunit mardi à New York les dirigeants israélien et palestinien, engageant son autorité pour les pousser à se parler pour la première fois face-à-face, seul résultat véritablement attendu de cette rencontre.

Le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ne se sont jamais rencontrés depuis que le premier a pris ses fonctions le 31 mars. Quand M. Obama les mettra en présence mardi en marge de l'assemblée générale des Nations unies, ce sera à un moment où le processus de résolution du conflit israélo-palestinien paraît totalement bloqué.

La question n'est plus: comment résoudre les profonds différends sur la colonisation israélienne, les frontières d'un État palestinien, le statut de Jérusalem ou le sort des réfugiés palestiniens, mais comment relancer les négociations? Et aucune des trois parties américaine, israélienne et palestinienne, ne veut placer de trop grands espoirs dans la réunion de mardi.

«Nous ne plaçons pas d'attentes grandioses dans une seule rencontre, si ce n'est, comme le président l'a dit dès le premier jour, de continuer le dur travail accompli et la diplomatie qui doit être menée au quotidien pour parvenir à une paix durable», a dit le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs.

Le communiqué de la Maison-Blanche annonçant ces entretiens disait bien lui-même qu'il ne s'agissait pas de relancer les négociations, mais de créer les conditions d'une relance.

Or c'est bien une reprise des négociations arrêtées depuis plusieurs mois que le gouvernement américain espérait initialement annoncer à la faveur d'un sommet Abbas-Netanyahu-Obama.

Mais entre-temps, la mission de l'envoyé spécial de M. Obama au Proche-Orient, George Mitchell, s'est soldée par un échec la semaine dernière, malgré ses navettes entre MM. Abbas et Netanyahu. Le premier ministre israélien refuse de geler complètement la colonisation en Cisjordanie occupée et le dirigeant palestinien de négocier dans ces conditions.

M. Obama rencontrera l'un après l'autre les deux dirigeants, qu'il avait reçus séparément en mai à Washington, puis il les réunira.

Il mettra ainsi le poids de la présidence américaine et son autorité personnelle dans la balance. Son prédécesseur George W. Bush a été accusé de se préoccuper trop tard de la paix israélo-palestinienne. M. Obama a promis, lui, d'en faire immédiatement une des grandes priorités d'une présidence placée sous le signe de l'engagement américain en faveur de la réconciliation.

La réunion de mardi n'est pas sans risque pour lui. À défaut d'autres résultats, il pourra toujours se prévaloir d'avoir mis face-à-face MM. Abbas et Netanyahu.

Mais, huit mois après son investiture, sa diplomatie est soumise à un examen de moins en moins indulgent. Malgré les appels insistants de M. Obama au gel de la colonisation, M. Netanyahu ne s'est pas exécuté. Les alliés arabes ne s'empressent pas non plus de prendre les mesures qu'il réclame et qui rétabliraient la confiance d'Israël.

L'expert David Makovsky concède qu'avant la rencontre de mardi «les attentes ont plongé plus bas que le niveau de la Mer Morte».

Il blâme l'administration Obama, qui aurait nourri les espoirs arabes en se focalisant sur l'arrêt de la colonisation. Mais il refuse de croire que la rencontre se résume à une séance photo.

«C'est un premier pas nécessaire, c'est un premier pas important», dit-il, «c'est la première fois qu'Abbas et Netanyahu vont se rencontrer depuis que Netanyahu a pris ses fonctions. Une fois que la rencontre aura eu lieu, la glace aura été brisée... Cela rend possibles des choses qui ne l'étaient pas jusqu'alors».