La semaine qui s'ouvre s'annonce comme celle du grand oral diplomatique pour Barack Obama, véritable test de leadership pour un président américain qui s'est engagé à «changer le monde».

En quatre jours, il plongera la tête la première dans la politique des Nations unies à New York, avant d'être l'hôte d'un sommet du G-20 consacré à la crise économique à Pittsburgh. C'est donc le monde qui vient à lui, et attend de lui qu'il fasse bouger bien des lignes.

À l'heure où il bataille dur à l'intérieur sur le dossier de la réforme du système de santé, Barack Obama est aussi sous pression sur la scène internationale: on lui réclame de relancer le processus de paix au Proche-Orient, de prouver que Washington est sérieusement motivé par la lutte contre le réchauffement climatique et d'être capable de faire face à la menace nucléaire iranienne. Les Européens le poussent en outre à agir contre les comportements à risque des financiers américains.

Sans compter le poids des deux guerres héritées de son prédécesseur: l'Irak, dont il se désengage, et surtout l'Afghanistan où il a dépêché des renforts avant de prendre son temps pour décider de la suite, pris entre l'aggravation du conflit et les appels au retrait qui se multiplient.

«Le leadership, ce n'est pas seulement de dire aux gens ce que vous voulons, comme l'a découvert l'administration Bush. Le leadership, c'est de réussir à faire faire aux gens ce que vous voulez qu'ils fassent», résume Jon Alterman, ancien responsable du département d'État sous George W. Bush et spécialiste du Proch-Orient au Center for Strategic and International Studies (CSIS).

Obama le tribun est très attendu pour son premier discours, mercredi, devant les 192 membres de l'Assemblée générale, qui devrait donner le ton de ce leadership, basé sur une nouvelle coopération multilatérale dans laquelle chacun prend ses responsabilités.

Pendant cette Assemblée générale, ce sont les États-Unis qui assureront la présidence tournante du Conseil de sécurité: du coup, fait exceptionnel, Obama deviendra le premier président américain à présider le Conseil, pour une session spéciale sur le désarmement et la non-prolifération. Il compte en émerger muni d'une résolution susceptible de porter son ambition de dénucléarisation mondiale et de faire monter la pression sur l'Iran et la Corée du Nord.

Il prendra aussi la parole au sommet sur le climat organisé par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour marquer les esprits en vue du sommet de Copenhague, en décembre, où devra sera négocié un nouveau traité global destiné à succéder au Protocole de Kyoto.

Outre ces discours sous les projecteurs, il y aura aussi, encore plus important, les rencontres qu'on ne voit pas. Barack Obama est dès lundi à New York et doit rencontrer en privé les dirigeants de Russie, de Chine et du Japon.

Déjà un vieil habitué des grands pow-wow internationaux, moins d'un an après son arrivée à la Maison-Blanche, il s'apprête ensuite à présider le G-20 de Pittsburgh, son deuxième sommet à vingt consacré à la crise. Mais il risque d'y frustrer ses interlocuteurs, mécontents de l'absence d'action américaine en matière de régulation financière et de bonus aux banquiers, malgré ses pressions sur Wall Street.

«Il y a une très forte inquiétude que les leçons n'aient pas été tirées» aux États-Unis, note Heather Conley, en charge de l'Europe au CSIS.

Le calendrier de la semaine sera aussi influencé par les développements des derniers jours: sur le dossier proche-oriental, malgré le «chou blanc» de son émissaire spécial, George Mitchell, rentré d'une semaine de navettes infructueuses, et le peu d'optimisme sur un déblocage, Barack Obama montre son implication personnelle avec une rencontre tripartite, mardi, avec l'Israélien Benjamin Nétanyahou et le Palestinien Mahmoud Abbas.

La Chine est quant à elle furieuse d'avoir été pénalisée pour violation des règles commerciales en matière d'exportation vers les États-Unis, geste qui laisse craindre un réveil du protectionnisme américain.

En revanche, Washington a ravi Moscou en remisant au placard le projet de bouclier antimissile européen de son prédécesseur, sans que l'on sache exactement encore ce que la Russie pourrait avoir accepté en échange. Peut-être de jouer de son influence auprès de Téhéran.

Car sur cette folle semaine plane l'ombre de l'Iran: Hillary Clinton a signalé que sa patience avait des limites, exhortant Téhéran à bouger sur le dossier nucléaire. Seule réponse et nouvelle provocation avant son arrivée à l'Assemblée générale, vendredi, histoire de donner le ton, le président Mahmoud Ahmadinejad a une nouvelle fois remis en question la réalité de l'Holocauste et l'existence d'Israël. Et ce alors que les Six s'apprêtent à participer à une nouvelle conférence, le 1er octobre, avec le régime iranien.