Sept anciens directeurs de la CIA ont exhorté le président américain Barack Obama à clore l'enquête préliminaire ouverte contre des fonctionnaires de l'agence de renseignement pour les excès commis lors d'interrogatoires antiterroristes sous l'ère Bush.

Les anciens directeurs, nommés tant par des présidents républicains que démocrates, appellent dans une lettre Barack Obama à clore l'enquête ouverte par le ministère de la Justice, estimant que les agents de la CIA pourraient se montrer plus hésitants dans l'accomplissement de leur travail en sachant qu'ils peuvent être poursuivis.

«Cela va porter gravement atteinte à la volonté de nombreux autres agents de renseignement de prendre des risques afin de protéger le pays», disent-ils dans la missive diffusée vendredi sur l'internet.

Mettant en garde contre des «enquêtes pénales sans fin», les sept anciens directeurs soulignent que les allégations d'excès commis sur des détenus soupçonnés d'actes terroristes ont déjà été examinées par la justice.

«La décision (du ministre américain de la Justice Eric) Holder de rouvrir une enquête crée une atmosphère de danger permanent pour ceux que le ministère de la Justice a refusé de poursuivre dans le passé», ajoute la lettre.

Les signataires soulignent aussi que l'enquête pourrait porter atteinte aux relations des Etats-Unis avec des pays ayant participé, sous le sceau du secret, aux interrogatoires antiterroristes menées sous l'administration du président George W. Bush.

Ils rappellent que la CIA a enquêté dans 20 affaires dans lesquelles des fonctionnaires de l'agence centrale de renseignement «auraient agi au-delà du cadre légal en vigueur».

Ces enquêtes ont abouti à une seule condamnation, celle d'un agent civil privé travaillant pour la CIA, David Passaro, qui avait tué en 2003 en le rouant de coup un détenu afghan.

En août, M. Holder avait annoncé qu'il allait nommer un procureur pour enquêter sur les méthodes violentes utilisées par la CIA dans le cadre des interrogatoires antiterroristes consécutifs aux attentats du 11 septembre 2001.

Plusieurs sénateurs républicains, ainsi que l'actuel directeur de la CIA, Leon Panetta, ont dit désapprouver cette décision. Ce dernier n'a toutefois pas signé la lettre adressée au président Obama.

En réaction, la puissante Association américaine de défense des libertés civiles (Aclu) a accusé les anciens directeurs de la CIA de tenter de «faire dérailler» l'enquête du ministère de la Justice, ajoutant qu'il serait «profondément inapproprié» pour Barack Obama de la clore.

«Là où il y a des preuves de comportements criminels, le ministre de la Justice n'a pas seulement l'autorité mais aussi le devoir d'enquêter», a affirmé Jameel Jaffer, un responsable de l'association.

Celle-ci a aussi appelé M. Holder à élargir le champ de l'enquête, qui selon l'édition de samedi du Washington Post se limiterait à un petit nombre de cas.

Les anciens directeurs de la CIA qui ont signé la lettre sont Michael Hayden, Porter Goss, George Tenet, John Deutch, James Woolsey, William Webster et James Schlesinger.