Les difficiles tractations sur la réforme de la protection santé se poursuivaient jeudi dans les couloirs du Congrès américain après le discours mercredi soir du président Barack Obama qui a enjoint les parlementaires à agir sans attendre.

M. Obama a de nouveau défendu jeudi son projet en souhaitant que les Etats-Unis rejoignent «les rangs des autres pays développés» en fournissant «une couverture médicale abordable et de qualité à tous ses citoyens».

Le vice-président Joe Biden a estimé sur NBC jeudi qu'un texte pourrait être finalisé «avant Thanksgiving (jour férié aux Etats-Unis, fin novembre)».

Ce à quoi, le chef de la majorité démocrate Harry Reid a répondu avec encore plus d'optimisme: «J'espère que nous pouvons faire cela bien avant Thanksgiving».

Mais l'opposition reste farouchement retranchée dans ses positions.

Le numéro deux des républicains du Sénat, Jon Kyl, a déclaré jeudi que le discours de M. Obama «était partisan, pas instructif, sournois et pas susceptible d'encourager ceux qui ont des désaccords honnêtes avec lui à travailler à une solution commune».

A l'image des réunions publiques houleuses où les parlementaires ont été pris à parti au cours de l'été par des Américains mécontents, le président a été taxé de menteur mercredi soir en plein discours par Joe Wilson, un républicain de Caroline du Sud.

M. Wilson s'est excusé, mais son commentaire traduit la position ferme d'une opposition qui n'a pas désarmé.

A ce jour, trois commissions de la Chambre et la commission chargée de la Santé au Sénat ont adopté un projet de loi.

Mais plusieurs dispositions, dont la création d'un système d'assurance santé public qui serait mis en concurrence avec les compagnies privées, font grincer les dents des républicains et de certains démocrates modérés.

Le président Obama s'est entretenu jeudi avec un groupe de 16 sénateurs modérés et un indépendant à la Maison Blanche. «Nous aurons des républicains et des démocrates ici pour parler de la réforme santé», a promis le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.

En outre, à la Chambre, les démocrates modérés réunis au sein d'un groupe baptisé les «Blue Dogs», semblaient encore traîner des pieds.

Les regards se tournent désormais vers la commission des Finances du Sénat où le débat n'est pas terminé. Son président, le sénateur démocrate Max Baucus, a tenté avec un groupe surnommé le «Gang des Six», trois républicains, trois démocrates, de forger un compromis.

Mercredi, peu avant le discours du président Obama, M. Baucus s'est dit déterminé à agir avec ou sans le soutien des républicains. «Je suis confiant (...), nous aurons un soutien dépassant les clivages partisans. Si ce n'est pas le cas nous agirons quand même», a-t-il déclaré. Sa commission examinera un projet de loi la semaine du 21 septembre, a-t-il promis.

En revanche, contrairement aux textes adoptés en commission à la Chambre et à la commission de la Santé du Sénat, celui de M. Baucus ne comportera pas d'option publique.

M. Obama a défendu cette option dans son discours tout en affirmant qu'elle ne devait pas servir de prétexte aux «batailles idéologiques» et qu'il était ouvert à d'autres idées.

La mort du sénateur Ted Kennedy le 25 août laisse à la majorité démocrate 59 sièges au lieu des 60 nécessaires pour adopter le projet de loi.