Les groupuscules d'extrême droite, qui n'ont toujours pas digéré l'élection du premier président noir des Etats-Unis, connaissent un nouvel essor dans le pays après une décennie de déclin, selon une étude publiée mercredi.

Mus par une idéologie raciste, anti-gouvernement et anti-immigration, les groupuscules américains qui ont prospéré dans les années 1990, entraînant de nombreuses attaques terroristes mortelles, sont en train de se développer, a indiqué le Southern Poverty Law Center (SPLC), une association reconnue pour son travail sur l'extrême droite.

«C'est la croissance la plus importante à laquelle nous ayons assisté depuis 10 ou 12 ans», a indiqué un responsable de la police, cité par le SPLC dans son étude intitulée «La deuxième vague: le retour des milices».

«Il ne manque qu'une étincelle. Ce n'est qu'une question de temps avant de voir arriver des menaces et des violences», a déclaré le responsable non identifié.

Le fait d'arme le plus meurtrier orchestré par un Américain dans son propre pays date de 1995 et est l'oeuvre d'un militant d'extrême droite.

En avril 1995, Timothy McVeigh, un ancien soldat reconverti dans la haine du gouvernement fédéral américain, fait exploser un camion qui souffle en partie un bâtiment d'Oklahoma City (Oklahoma, sud). 168 personnes sont tuées.

Timothy McVeigh est exécuté en 2001 dans une prison de l'Indiana, et à la même époque, le républicain George W. Bush investit la Maison Blanche. Son premier mandat verra la violence d'extrême droite plonger à la suite de poursuites judiciaires à répétition, analyse Mark Potok du SPLC.

Mais aujourd'hui le vent pourrait bien tourner, poursuit le rapport.

Car «le gouvernement fédéral -- objet de haine pour les groupes d'extrême droite -- est dirigé par un Noir». De quoi attiser la colère latente des partisans de la suprématie de la race blanche.

Selon des données publiées par le SPLC au mois de février, le nombre de groupes racistes a augmenté de 54% entre 2000 et 2008, passant de 602 à 926.

Les chiffres datent d'avant l'entrée en fonctions du président démocrate (en janvier 2009). Mais, déjà, l'étude conclut que le fait qu'un Noir ait été élu a un lien de cause à effet direct avec un très grand nombre de meurtres de policiers perpétrés depuis le début de l'année.

Larry Keller du SPLC cite l'exemple d'un homme que «l'élection d'un Noir a rendu "fou de rage" et poussé à vouloir élaborer une "bombe sale" radioactive». Autre exemple avancé par M. Keller: «un homme hors de lui à cause de l'élection de M. Obama et soupçonné de vouloir rejoindre un groupe paramilitaire a tué deux shérifs-adjoints en Floride».

En début d'année, un rapport interne du gouvernement fédéral avait d'ailleurs averti que le marasme économique et l'élection de Barack Obama constituaient un terreau très propice au recrutement de nouveaux militants.

Le développement d'internet, la crainte que l'administration Obama ne modifie la législation sur les armes à feu et le retour au pays de soldats stationnés en Irak ou en Afghanistan, «pourraient provoquer l'émergence de groupes terroristes ou de francs-tireurs capables de projeter des attentats», a, de son côté, prévenu le département à la Sécurité intérieure.