L'administration Obama a demandé à la Cour suprême des États-Unis d'empêcher la publication de photos montrant des soldats américains infligeant des sévices à des détenus en Irak ou en Afghanistan, pour éviter de mettre en danger les troupes sur le terrain.

«Le président des États-Unis et les officiers militaires les plus haut placés, responsables des opérations actuelles en Irak et en Afghanistan ont établi que la publication de ces photos constituerait un risque considérable pour la vie et l'intégrité physique des soldats et des personnels civils américains», assure l'administration dans sa requête, dont l'AFP s'est procuré copie lundi. La Cour suprême devrait dire dans les prochains mois si elle accepte d'examiner cette requête.

Saisie en 2004 par la puissante Association de défense des libertés civiles (ACLU), la justice américaine avait finalement ordonné au printemps que le département de la Défense publie une trentaine de photos. Le Pentagone devait s'exécuter avant la fin mai et semblait même prêt à en publier des centaines.

Mais, le 13 mai, Barack Obama, après avoir longuement réfléchi, avait bloqué la parution des photos, estimant que les rendre publiques risquait d'«attiser encore davantage les sentiments anti-américains et d'exposer nos soldats à un danger plus grand».

Dans sa requête, l'avocate en chef du gouvernement américain, Elena Kagan, décrit plusieurs de ces photos, figurant des scènes de mauvais traitements violentes, souvent à connotation sexuelle, contre des prisonniers menottés et la tête recouverte de sacs.

Elle rappelle que «trois des six enquêtes ouvertes (sur ces agissements) avaient mené à des inculpations», et que «dans deux dossiers, les accusés ont été déclarés coupables et punis».

Plusieurs officiers gradés présentés comme ayant une longue expérience des terrains irakien et afghan, sont cités dans la requête pour appuyer la demande au motif de la mise en danger des troupes.

«Ces photos seraient la preuve matérielle que les sévices perpétrés par l'armée américaine à l'encontre de prisonniers n'étaient pas une anomalie mais (une pratique) largement répandue bien au delà des murs de la prison d'Abou Ghraïb», en Irak, a affirmé l'ACLU dans un communiqué.

Pour l'association, «aussi perturbantes puissent être ces photos, il est essentiel que le public américain connaisse la vérité sur les sévices qui sont perpétrés en son nom».