La nomination de la juge Sonia Sotomayor à la Cour suprême des États-Unis a été approuvée, hier, par un vote de 68-31 au Sénat américain.

Mme Sotomayor, 55 ans, devient ainsi la troisième femme et la première hispanique à siéger à la Cour suprême, une institution fondée il y a 220 ans.

 

Sa confirmation a déclenché une vague de sympathie, hier, aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

Mme Sotomayor était dans un palais de justice de New York, hier, où elle suivait en direct avec des amis et des partisans le dépouillement des votes sur un écran géant.

Des témoins ont dit que la juge avait les yeux humides après le vote. Elle a reçu un appel de sa mère, avec qui elle a eu une brève conversation en espagnol.

Dans le corridor, des journalistes ont tenté de lui poser des questions, mais la juge a refusé de répondre. «Je m'en vais avec mes amis», a-t-elle dit.

Candidate choisie par Barack Obama, Sonia Sotomayor prêtera serment d'allégeance à Washington, demain. Hier, le président a félicité la juge pour son courage et sa ténacité.

Vote historique

«Dans ce vote historique, le Sénat a affirmé que la juge Sotomayor a l'intelligence, le tempérament, l'intégrité et l'indépendance d'esprit pour servir avec distinction à la plus haute Cour de la nation», a dit le président.

Dianne Feinstein, sénatrice de la Californie, a salué la confirmation de la nomination de la juge. «Je crois que c'est une journée de réjouissance pour toutes les jeunes femmes de la nation. Cela envoie un message: «Oui, je peux y arriver si je travaille fort.»»

Le président de la commission judiciaire du Sénat, Patrick Leahy, a lui aussi félicité Mme Sotomayor. «C'est le rêve américain. C'est le rêve dont nous parlons tous lorsque nous sommes en campagne électorale. Aujourd'hui, nous l'avons rendu possible.»

À Los Angeles, l'auteure et activiste Nancy De Los Santos portait un chandail «Wise Latinas Rule» en référence au commentaire de Sotomayor, scruté ad nauseam durant les audiences sur sa confirmation. «C'est fantastique de voir qu'une hispanique a pu être admise dans le club sélect de la Cour suprême», a-t-elle dit.

Les réseaux sociaux Twitter et Facebook ont été inondés de messages d'encouragement et de célébration.

Née en 1954, Sonia Sotomayor a été élevée dans les habitations à loyer modique du Bronx. Sa mère travaillait six jours par semaine à titre d'infirmière et a pu envoyer ses deux enfants dans des écoles réputées. Sonia Sotomayor a par la suite obtenu des diplômes de Princeton et de Yale, où elle a dirigé la Yale Law Review.

Le poste de juge à la Cour suprême est l'une des positions les plus influentes aux États-Unis. Les juges y sont nommés à vie, et continuent de façonner les aspects les plus importants de la société américaine bien après que le président qui les a choisis eut quitté la Maison-Blanche.

D'allégeance progressiste, la juge risque de prendre des décisions qui s'apparentent à celles de son prédécesseur, David Souter, qui prend sa retraite.

Trente et un républicains disent non

Hier, neuf élus républicains ont voté en faveur de Sotomayor, alors que 31 ont voté contre. Les 59 démocrates présents pour le vote ont appuyé la juge.

L'opposition de la majorité des sénateurs républicains à la nomination de Sotomayor n'attirera sans doute pas la sympathie des électeurs latinos. Aux dernières élections, deux hispaniques sur trois ont appuyé les démocrates.

Hier, la présidente de la Ligue des citoyens hispaniques, Rosa Rosales, a dit être «très déçue» du vote des républicains.

«Lorsque le temps viendra, nous pourrons bien choisir de ne pas vous appuyer, car vous avez choisi de ne pas soutenir une personne qui est parfaitement qualifiée», a-t-elle dit.

Les hispaniques représentent 15% de la population américaine, et leur poids démographique est en croissance. En Californie, 36% des résidants sont d'origine hispanique.