L'administration Obama récompense la Corée du Nord pour sa mauvaise conduite en envoyant l'ancien président Bill Clinton négocier la libération de deux journalistes américaines, a estimé mardi l'ancien ambassadeur américain à l'ONU John Bolton.

M. Bolton, qui, sous l'administration Bush, était un partisan de la ligne dure vis-à-vis de Pyongyang, a déclaré à l'AFP que la mission de M. Clinton contredisait un certain nombre de prises de position publiques de sa propre femme, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

«Cela s'apparente dangereusement à une négociation avec des terroristes», a dit M. Bolton au sujet de cette visite surprise destinée à obtenir la libération des journalistes Laura Ling et Euna Lee.

Les deux femmes ont été arrêtées le 17 mars alors qu'elles venaient d'entrer - illégalement - en territoire nord-coréen depuis la Chine. Elles ont été condamnées en juin à douze ans de travaux forcés.

«Je pense que c'est un très mauvais signal parce que c'est exactement ce que nous essayons d'éviter avec les terroristes ou les Etats voyous en général, et cela encourage leur mauvaise conduite», a dit M. Bolton.

L'ancien ambassadeur à l'ONU a également rejeté l'affirmation de la Maison Blanche selon laquelle il s'agissait d'une «mission d'ordre seulement privée». «Il s'agit d'un ancien président marié à la secrétaire d'Etat. Cela n'a rien de privé», a-t-il souligné.

La visite contredit également, selon M. Bolton, la volonté affichée de Mme Clinton de séparer le cas des deux journalistes des efforts pour ramener Pyongyang à la table des discussions à six (deux Corées, Etats-Unis, Chine, Japon, Russie) sur le désarmement de son programme nucléaire.

«Hillary a dit qu'elle voulait dissocier les deux, mais (Bill) Clinton a été accueilli à l'aéroport par le vice-ministre des Affaires étrangères Kim Kye-gwan qui est le principal négociateur nord-coréen et l'a été pendant 15 ans ou plus», a dit M. Bolton.

Il a ajouté qu'il était «difficile d'imaginer» que M. Clinton n'ait pas abordé la question nucléaire lors de sa rencontre avec le leader nord-coréen Kim Jong-Il, vu les négociations qu'il avait lui même menées en tant que président dans les années 1990.

«Je pense que la Corée du Nord est totalement gagnante», a conclu M. Bolton qui juge toute négociation inutile pour contraindre l'Etat communiste à renoncer au nucléaire.