Surprenante co-listière de John McCain lors de la présidentielle américaine, la très conservatrice Sarah Palin devait officialiser ce dimanche sa démission de son poste de gouverneur de l'Alaska. Un départ anticipé, après un bref mandat de deux ans et demi, qui alimente les spéculations.

Le 3 juillet, prenant au dépourvu même ses amis les plus proches, Sarah Palin, 45 ans, annonçait qu'elle démissionnerait le 26 juillet, soit un an avant la fin de son mandat de quatre ans, et passerait le relais à son gouverneur adjoint, Sean Parnell, 46 ans. Cette passation de pouvoir devait avoir lieu au cours d'un pique-nique ce dimanche après-midi à Fairbanks. Depuis, les raisons de ce départ alimentent les spéculations: s'agit-il d'aspirations en vue de la prochaine présidentielle ou d'une éventuelle implication dans des détournements de fonds alors qu'elle est l'objet d'une vingtaine de plaintes pour violation de l'éthique?

Assaillie de questions, Sarah Palin n'a rien expliqué. Tout en suggérant qu'elle pensait à un rôle plus important, au niveau national. «Je suis tournée vers l'avenir maintenant pour voir comment nous pouvons faire avancer ce pays ensemble avec nos valeurs -moins d'intervention du gouvernement, une sécurité nationale plus forte, et une fiscalité bridée», écrivait-elle début juillet sur Facebook.

«Il n'y a pas de projet après le 26 juillet. Il n'y a absolument pas de projet, je ne peux pas le répéter assez», a martelé à l'envi sa porte-parole Meghan Stapleton, balayant les rumeurs, sur une ambition présidentielle pour 2012 comme sur un contrat télévisuel.

Sarah Palin est en tout cas annoncée comme oratrice le 8 août à la Bibliothèque présidentielle Ronald-Reagan en Californie. Elle a raconté envisager d'écrire un livre et de partir en campagne auprès de divers candidats dans le pays pour bâtir une coalition conservatrice.

Et surtout, elle compte continuer à dire ce qu'elle pense. Via notamment le réseau de micro-blogging Twitter, où elle décroche un franc succès avec des formules de 140 mots souvent à l'emporte-pièce, strophes de chansons country à l'appui... Elle y a plus de 100 000 lecteurs assidus.

Ce qui est loin de faire un mouvement populaire, notent les analystes. «Il faut faire plus que «tweeter» pour avoir une présence nationale permanente», note Jerry McBeath, directeur du département de sciences politiques de l'Université d'Alaska, à Fairbanks. «Je crois qu'elle estime avoir quelque chose à dire qui est important pour les électeurs partageant ses vues, et qu'il faut qu'elle continue» à s'exprimer. «Je crois qu'elle se cherche: Au départ, elle voulait être gouverneur, puis vice-président, et maintenant, qui sait?», ajoute-t-il.

Mais, outre les «casseroles», son éventuel avenir politique est également assombri par une popularité en baisse: selon un sondage Washington Post-ABC, sa cote est dans le rouge, avec 53% de mauvaises opinions. L'été dernier, près de six Américains sur dix pensaient du bien d'elle...

En 2008, le choix de Sarah Palin comme colistière de John McCain s'était avéré détonant: jusque là inconnue sur la scène nationale, la télégénique première femme gouverneur du très viril Alaska était atypique, énergique, mère de famille nombreuse et populaire.

Séduisant l'électorat conservateur, elle a aussi attiré moqueries et critiques avec ses gaffes, son ignorance des dossiers ou ses libertés avec les fonds de campagne... Sans compter ses «casseroles», notamment des soupçons d'abus de pouvoir.