Le Congrès de Californie a approuvé vendredi un plan radical de réduction des dépenses de l'État le plus peuplé des États-Unis, qui était menacé de faillite par un déficit budgétaire de 26 milliards de dollars.

L'assemblée de l'État a adopté dans l'après-midi le projet de loi, comme l'a fait dans la matinée le Sénat. Le texte, approuvé par les deux chambres à majorité démocrate, prévoit 15 milliards d'économies dans des dépenses telles que l'éducation et la santé publique et réduit les salaires des fonctionnaires.

Les députés ont rejeté une mesure qui aurait ouvert les fonds marins au large de la station balnéaire huppée de Santa Barbara à l'exploitation du pétrole. Cette mesure aurait rapporté 100 millions de dollars aux caisses de l'État.

Le gouverneur de l'État, le républicain Arnold Schwarzenegger, a salué le «courage» des parlementaires, soulignant que leur vote permettait d'éviter une hausse des impôts.

La Californie, très touchée par la crise de l'immobilier et la hausse du chômage, a vu ces derniers mois les agences de notation financière abaisser la note de sa dette. L'État a dû se résoudre à payer certains de ses fournisseurs avec des effets de commerce.

Les dernières menaces qui pesaient sur l'adoption du budget ont été levées mercredi, les démocrates ayant reculé sur leur projet de réduire la population carcérale de 27 000 prisonniers afin d'économiser 1,2 milliard de dollars.

Le projet de loi a été à l'origine de moult controverses dans cet État, le plus riche des États-Unis. Les fonctionnaires et les travailleurs sociaux sont montés en première ligne pour critiquer les coupes claires que M. Schwarzenegger et les parlementaires avaient qualifiées de «mal nécessaire».

De fait, l'éducation est la plus touchée, avec une baisse des crédits de neuf milliards de dollars. La couverture maladie publique n'est pas non plus épargnée, son budget étant amputé de 1,3 milliard de dollars.

«Il y a tout un tas de réductions (budgétaires) qui sont douloureuses à réaliser - celles concernant l'éducation, la santé et les collectivités locales», a reconnu le président du Sénat californien, Darrel Steinberg. Mais «compte tenu des circonstances, je suis tout de même heureux que nous ayons pu épargner un certain nombre d'autres choses», a-t-il ajouté.

L'État de la côte ouest américaine serait la huitième économie mondiale s'il était indépendant.

Le plus difficile a été d'obtenir le feu vert du Sénat, où une majorité des deux tiers était nécessaire. La Californie est en effet l'un des trois États du pays dont la constitution exige une telle majorité pour l'adoption du budget et les hausses d'impôts.

Cette disposition plonge régulièrement la Californie dans d'interminables débats budgétaires, les sénateurs ayant du mal à se mettre d'accord.

«Cette règle des deux tiers ne permet pas d'avoir un vrai débat sur les recettes et je pense que les gens en ont assez», a observé jeudi le président du Sénat. «Nous allons devoir nous attaquer à ce qui ne va pas dans ce système».

M. Schwarzenegger a déjà averti que l'État n'était «pas sorti de l'auberge». «Il pourrait y avoir une nouvelle baisse des recettes. D'ici six mois, nous pourrions avoir à décider de nouvelles baisses des dépenses», a-t-il averti.