Washington est prêt à renforcer la défense de ses partenaires menacés par le programme nucléaire iranien, a averti mercredi en Thaïlande la secrétaire d'État Hillary Clinton, inquiète aussi d'un «transfert de technologie nucléaire» entre la Corée du Nord et la Birmanie.

«Nous allons encore laisser la porte ouverte» à des discussions avec l'Iran, mais «l'horloge nucléaire tourne» et les voisins de l'Iran sont les plus préoccupés, a-t-elle déclaré à une télévision thaïlandaise.

Washington est prêt à «renforcer la défense de (ses) partenaires dans la région», a-t-elle ajouté.

«Si les États-Unis déploient un parapluie de défense sur la région, si nous faisons encore plus pour soutenir la capacité militaire de ceux du Golfe, il est peu probable que l'Iran soit plus fort ou plus en sécurité», a-t-elle poursuivi. «Ils ne seront pas plus en mesure d'intimider ou de dominer, contrairement à ce qu'ils ont l'air de croire, une fois qu'ils auront l'arme nucléaire.»

Téhéran présente son programme nucléaire comme purement civil, mais une grande partie de la communauté internationale soupçonne l'Iran de viser la fabrication de la bombe atomique.

Mme Clinton s'exprimait depuis Bangkok avant de se rendre sur l'île de Phuket, dans le sud, où se tient jeudi le Forum régional de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean) sur la sécurité (ARF).

L'ARF, où la Corée du Nord et la Birmanie promettent de dominer les débats, regroupe les dix de l'Asean (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie, Cambodge) et 17 pays ou blocs parmi lesquels aussi l'Union européenne (UE), la Russie ou la Chine.

Depuis Bangkok, la secrétaire d'État américaine a relayé les craintes de Washington sur une coopération militaire entre le régime communiste de Pyongyang et la junte birmane. Une coopération qui, selon elle, déstabiliserait la région.

Les craintes de liens nucléaires entre ces deux Etats mis au ban d'une grande partie de communauté internationale ont été alimentées le mois dernier par des déclarations de responsables américains affirmant qu'un bateau nord-coréen suspecté de transporter des armes se dirigeait vers la Birmanie.

Le cargo était surveillé par la marine américaine dans le cadre d'une nouvelle résolution de l'ONU sanctionnant le nouvel essai nucléaire nord-coréen de mai.

Le mois dernier aussi, un groupe de Birmans en exil avait diffusé des images représentant, selon eux, un réseau de tunnels secrets construits par des experts nord-coréens sur le territoire birman.

La Birmanie et la Corée du Nord ont, dans d'autres dossiers et chacune de leur côté, déclenché des tollés internationaux ces derniers mois. La première pour avoir incarcéré l'opposante Aung San Suu Kyi pour violation présumée des règles de son assignation à résidence. En procès, la Prix Nobel de la Paix risque jusqu'à cinq ans de prison. L'UE n'a pas exclu de renforcer ses sanctions contre la junte birmane si elle ne la libérait pas. La deuxième pour son deuxième essai nucléaire, suivi de plusieurs tirs de missiles le 25 mai.

L'un des objectifs de l'ARF devrait être de faire revenir Pyongyang à la table des négociations multilatérales sur sa dénucléarisation. La Corée du Nord avait claqué la porte des pourparlers en avril. Mme Clinton devait rencontrer un à un ses homologues des pays impliqués, comme les États-Unis, dans les négociations -Chine, Japon, Russie, Corée du Sud. La Corée du Nord, qui craint selon un responsable thaïlandais d'être mise sous pression à Phuket, n'y a envoyé qu'une délégation de diplomates.