L'administration Obama n'est pas au bout de ses peines pour fermer comme promis la prison de Guantanamo dans six mois, confrontée à des obstacles plus complexes que prévu et soucieuse de faire les bons choix en matière de politique anti-terroriste.

A mi-parcours depuis la signature le 22 janvier du décret ordonnant la fermeture un an plus tard du camp, seuls onze détenus ont été libérés et un autre déféré devant un tribunal de droit commun. La plupart des prisonniers de Guantanamo sont enfermés depuis plus de sept ans sans inculpation ni procès.

Signe de la complexité du dossier, de hauts responsables de l'administration ont annoncé lundi aux journalistes qu'un rapport, attendu mardi, serait finalement remis avec six mois de retard. Ce rapport devait définir le régime de détention des prisonniers de Guantanamo qui ne seront pas libérés.

Créée en 2002 par George W. Bush, la prison de Guantanamo s'avère un rocher de Sisyphe pour Barack Obama alors que le Congrès -à majorité démocrate- a interdit en juin le transfèrement du moindre détenu dans une prison américaine tant que le président n'aura pas présenté un plan circonstancié sur leur sort.

«Ce sont des décisions difficiles, compliquées et lourdes de conséquences», a commenté un haut responsable.

«Nous continuons notre travail afin d'élaborer un plan complet, de traiter chaque problème un par un, de présenter nos décisions au Congrès et d'obtenir son aval», a assuré un autre, évoquant «un travail minutieux» et la nécessité de le «faire correctement».

Les responsables ont toutefois reconnu que la représentation nationale avait temporairement freiné le processus visant à fermer le 22 janvier la prison qui abrite aujourd'hui 229 hommes. Mardi, le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a assuré que M. Obama n'avait pas l'intention de transiger sur cette date.

«Fermer le camp, ça veut dire fermer le camp, changer de nom ou changer de propriétaire, ça ne nous intéresse pas», a-t-il déclaré.

Un groupe de travail réexamine un par un les dossiers de chacun des détenus, afin de déterminer lesquels sont libérables ou susceptibles d'être inculpés, et, si tel est le cas, devant quel type de tribunal.

Plus de la moitié des dossiers ont été bouclés à six mois de la date butoir. «Plus de 50» transferts ont été autorisés, et «un nombre significatif» de dossiers renvoyés aux procureurs pour inculpation.

Mais «cette tâche immense nous prend du temps» parce que les informations (sur les détenus) recueillies depuis près de huit ans par le FBI ou les différents services de renseignements «étaient disséminées un peu partout», a expliqué un haut responsable.

Elle va encore se compliquer lorsque l'administration décidera si elle juge nécessaire de prévoir la détention illimitée de certains détenus jugés dangereux mais contre lesquels l'accusation ne dispose pas d'éléments à charge suffisants.

D'avance très contesté par la gauche et pas encore validé par la Maison Blanche, selon les responsables américains, ce projet ne se fera pas sans l'accord du Congrès, ont-ils certifié.

Ce qui pourrait encore allonger les délais pour vider la totalité des geôles de Guantanamo.

Au-delà de la question des détenus, «nous cherchons un système durable et plus efficace» que celui de la politique anti-terroriste de George W. Bush, a affirmé un haut responsable. «Nous essayons de garantir que nous prenons les meilleures décisions» puisqu'elles vont dessiner la nouvelle politique anti-terroriste des Etats-Unis, a-t-il dit.