Le système est simple: tapez votre code postal et cliquez «go». Des dizaines de petits points de couleur apparaissent sur une carte de votre quartier. Les points orange symbolisent les vols. Les bleus représentent les voies de fait. Les viols sont représentés en vert. Les homicides, en jaune.

Mise au point par le Los Angeles Police Department (LAPD), la carte des crimes de L.A. est l'une des expériences les plus avancées aux États-Unis en matière de diffusion d'information relative à la criminalité.

Intitulé LAPD Crime Map, le site est utilisé chaque jour par des milliers de citoyens. Les futurs acheteurs de maisons le fréquentent pour connaître le niveau de sécurité d'un quartier. Les commerçants le consultent pour planifier les expansions de leurs succursales.

Une carte incomplète

Or, le site, qui fait l'envie de plusieurs experts et chercheurs dans le monde, a un petit secret : pas moins de 40% des crimes sérieux survenus à Los Angeles depuis le début de l'année n'y apparaissent pas.

Pas moins de 26 homicides, 137 cas de viol et 10 766 cas de vols en tout genre survenus en 2009 sont introuvables sur la carte publique.

Dans l'un des cas, un homme caché sur la banquette arrière d'une voiture a forcé une femme à le conduire dans un appartement abandonné de North Hollywood pour ensuite l'agresser sexuellement. Le crime, qui fait l'objet d'une enquête du LAPD, n'a pas été répertorié sur la carte web mise à la disposition du public.

Certains citoyens trouvaient que la carte n'était pas à jour. Mike, résidant du quartier Echo Park qui veut garder son nom de famille anonyme, s'est réveillé un matin pour réaliser que quelqu'un avait défoncé la vitre de sa voiture durant la nuit et s'était enfui avec son ordinateur portable caché sous le siège. Il a rapporté le crime à la police, mais a été surpris de voir que l'incident n'est pas apparu sur la carte en ligne de son quartier.

«Je pensais que c'était simplement un problème informatique, mais, maintenant, je comprends pourquoi, dit-il. C'est généralisé.»

C'est le Los Angeles Times qui a révélé l'affaire la semaine dernière. Le quotidien faisait des recherches dans les bases de données des crimes pour réaliser sa propre carte maison, quand des journalistes se sont rendus à l'évidence : plus de 19 000 incidents survenus depuis au moins six mois ne figurent pas sur la carte web du LAPD.

Parallèlement, la base de données du LAPD semble être exhaustive, a noté le quotidien.

Problème de sous-traitance

La semaine dernière, le chef du LAPD, William Bratton, a dit qu'une compagnie sous-traitante de la Ville chargée de maintenir la carte à jour est à l'origine du problème.

«Je n'ai pas de problème avec le Times. J'ai un problème avec le sous-traitant», a-t-il dit.

Bratton, ex-chef de la police de New York sous Giuliani, et que plusieurs analystes voient comme un candidat potentiel pour diriger Scotland Yard, a dit que la compagnie, PSOMAS, travaillait à corriger le problème «à temps plein et sans dépenses additionnelles pour la Ville».

Le chef a rappelé que tous les crimes sont enquêtés par le LAPD et a affirmé que la carte incomplète resterait en ligne le temps que tous les incidents y soient répertoriés.

Sur l'internet : lapdcrimemaps.org/