Sonia Sotomayor, quasiment assurée de devenir la première juge hispanique de l'Histoire américaine à la Cour suprême, s'est défendue mardi face aux critiques des conservateurs affirmant que son jugement serait altéré par son origine et ses préférences personnelles.

«Je veux dire devant vous, sans équivoque ni doute, que je ne crois pas que l'appartenance à un groupe ethnique ou racial ou à un genre soit un avantage pour un jugement sain», a-t-elle déclaré, au deuxième jour de son grand oral devant la commission judiciaire du Sénat en vue de sa confirmation.

«Je crois que toute personne a une chance égale d'être un juge bon et avisé quelle que soit son origine ou son expérience», a ajouté cette juge de cour d'appel, alors que les critiques se sont multipliées ces dernières semaines sur son impartialité.

Tout sourire et vêtue d'un tailleur rouge vif, la candidate du président Barack Obama était pressée de s'expliquer sur une phrase prononcée en 2001: «J'espère qu'une femme hispanique avisée et forte d'une expérience riche prendrait, plus souvent que l'inverse, une meilleure décision» qu'un juge blanc.

«Cela a donné l'impression que je crois que l'expérience commande un résultat dans une affaire, mais ce n'est absolument pas ce qui me guide en tant que juge», s'est-elle défendue sous le feu roulant des questions du chef des républicains de la commission, Jeff Sessions. C'était «une rhétorique théâtrale qui est tombée à plat», a-t-elle encore justifié.

Les responsables républicains et les critiques les plus conservateurs avaient utilisé cette remarque pour mettre en cause la partialité de Mme Sotomayor, d'origine portoricaine, qui a grandi dans le Bronx, un quartier populaire de New York.

Le sénateur de l'Alabama Jeff Sessions a dit mardi être toujours «très troublé», préoccupé que ce prétendu parti-pris racial «s'épanouisse pleinement» si le Sénat confirme la nomination de Mme Sotomayor à la Cour suprême. Les neuf juges de la plus haute Cour des Etats-Unis sont nommés à vie.

Mme Sotomayor, 55 ans, connue pour des positions politiques de centre-gauche, a également cherché à apaiser les accusations des républicains sur le port d'armes.

«Je comprends l'importance que revêt le droit de porter une arme pour beaucoup, beaucoup d'Américains», a-t-elle dit, soulignant qu'elle suivrait les précédents jugements de la Cour suprême.

Durant les quatre jours d'audition, la commission doit entendre 31 personnes, dont l'ancien directeur du FBI Louis Freeh, mentor de Mme Sotomayor, et Linda Chavez, une militante conservatrice.

Les républicains auront 14 intervenants, dont un représentant des pompiers blancs, dont la plainte pour discrimination raciale rejetée en appel par Mme Sotomayor avait finalement été jugée recevable par la Cour suprême fin juin, contredisant ainsi une décision de celle qui est appelée à y siéger.

Si Sonia Sotomayor était confirmée par les sénateurs, elle deviendrait la troisième femme à occuper un tel poste et la première d'origine hispanique.

Elle succèderait à David Souter qui a pris sa retraite en juin de la Cour suprême, institution née en 1789 avec la Constitution des Etats-Unis confrontée à des sujets aussi divers et complexes que le port d'arme ou l'avortement.

L'opposition républicaine a peu de chances de lui faire barrage. Les démocrates détiennent 60 sièges au Sénat, soit la majorité nécessaire pour lui donner le feu vert.