Éloignée un temps des affaires par une fracture au coude, la secrétaire d'État Hillary Clinton fera mercredi son retour sur la scène internationale en prononçant un grand discours sur la politique étrangère américaine, six mois après en avoir pris les rênes.

Mme Clinton avait dû ralentir le rythme de ses activités après avoir fait une chute, mi-juin, alors qu'elle se dirigeait vers sa voiture au sous-sol de l'immeuble du département d'État.

Cette blessure l'avait contrainte à annuler plusieurs rendez-vous importants, comme la réunion ministérielle du G8 qui s'est tenue du 24 au 26 juin à Trieste, en Italie.

Ce «grand discours de politique étrangère», tel que le présente le département d'État, donnera donc l'occasion à l'ex-Première dame des États-Unis de montrer qu'elle est de retour, et probablement de présenter les grandes orientations de son ministère pour les mois à venir.

Les observateurs tirent en attendant les leçons du semestre écoulé et jugent que Mme Clinton s'est plutôt bien tirée d'une situation qui s'annonçait périlleuse: réussir à s'imposer comme ministre tout en restant loyale au président Obama, qui, il y a presque un an jour pour jour et au terme d'une lutte acharnée, remportait face à elle la course à l'investiture démocrate pour la présidentielle.

Les raisons du succès? Le travail d'équipe, selon Wendy Chamberlin, une ancienne ambassadrice au Pakistan qui dirige maintenant le Middle East Institute, un groupe de réflexion.

Mme Clinton est perçue comme quelqu'un «qui joue en équipe», ce qui est «vraiment très apprécié» par le président Obama, dit-elle.

Ils forment ainsi un «duo homogène», parce que chacun d'eux développe une approche «mesurée» des affaires internationales, basée sur l'écoute des besoins des autres pays, développe l'ancienne diplomate.

«Je n'ai jamais vu de tensions entre eux deux», poursuit-elle. «Mme Clinton n'a pas tenté de faire de l'ombre à M. Obama sur la scène internationale et tous deux se partagent les tâches», dit-elle, relevant que cette situation tranche avec l'administration précédente, quand l'ancienne secrétaire d'État Condoleezza Rice «gardait tout pour elle».

Mais «Mme Rice avait un président (George W. Bush, ndlr)... qui n'était guère apprécié quand il allait à l'étranger», note Mme Chamberlin.

Mme Clinton s'aventurerait d'ailleurs en terrain glissant si elle tentait de concurrencer le président Obama, très populaire à l'étranger: «Je ne crois pas qu'il soit possible d'éclipser Barack Obama».

Mais, quand à savoir qui éclipse qui, Mme Clinton aurait intérêt, selon d'autres observateurs, à veiller à conserver son autorité face aux émissaires de haut niveau qui travaillent sur des dossiers de premier plan, comme le tumultueux Richard Holbrooke, chargé de l'Afghanistan et du Pakistan, ou l'influent George Mitchell, pour le Proche-Orient.

La chef de la diplomatie américaine doit «reprendre la main sur des questions clefs qui ont été confiées à des émissaires spéciaux», avance The Cable, un blog spécialisé en politique étrangère.

Ces émissaires savent toutefois «qui est le patron», remarque Mme Chamberlin. «Je pense qu'à l'avenir ils pourraient peut-être entrer en concurrence avec (Mme Clinton), mais pas pour le moment».

Mais ces fortes personnalités sont utiles, selon Mme Chamberlin, qui note qu'il en faudrait peut-être davantage à la tête de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), qui joue un rôle central en Afghanistan.

Mme Clinton, qui doit se rendre lundi à l'USAID, a fait savoir qu'une telle nomination figurait parmi ses priorités.