L'administration Bush a tenté à plusieurs reprises de bloquer des enquêtes sur le massacre fin 2001 de centaines de prisonniers talibans impliquant un puissant chef de guerre afghan que soutenaient alors les États-Unis, rapporte vendredi le New York Times.

De hauts responsables américains sont intervenus pour bloquer des enquêtes menées séparément par la police fédérale américaine (FBI), le département d'Etat et le Pentagone sur ces faits qui impliqueraient le général Abdul Rashid Dostam, soutenu à l'époque par la CIA, l'agence de renseignement américaine, affirme le quotidien sur son site internet.

Le général a été l'un des plus proches alliés des Américains en 2001 pendant la campagne qui a conduit à la chute des talibans. Le massacre en question avait eu lieu la même année, au mois de novembre. Plusieurs rapports accusent les miliciens du général d'avoir tué des centaines de prisonniers talibans, enfermés dans des containers.

L'administration de l'ancien président américain George W. Bush craignait qu'une enquête sur ce chef de guerre ne nuise au tout jeune gouvernement du président afghan Hamid Karzaï, pour lequel M. Dostam travaillait.

«A la Maison Blanche, personne ne disait "non" à l'enquête, mais personne ne disait "oui" non plus», a dit au journal l'ancien ambassadeur itinérant des Etats-Unis pour les crimes de guerre, Pierre-Richard Prosper.

M. Dostam a été réinstallé le mois dernier dans ses fonctions de chef d'état-major du haut commandement des forces armées afghanes, après avoir été suspendu l'an dernier. Il aurait menacé avec une arme un adversaire politique.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et l'émissaire spécial américain pour l'Afghanistan et le Pakistan Richard Holbrooke avaient dit à M. Karzaï qu'ils étaient opposés à cette nomination, selon le journal, qui cite un haut responsable du département d'Etat.