L'ancien secrétaire américain à la Défense Robert McNamara, qui fut un des principaux architectes de la stratégie américaine pendant la guerre du Vietnam, est décédé à l'âge de 93 ans, a rapporté lundi le quotidien Washington Post.

Né le 9 juin 1916 à Oakland en Californie (ouest), M. McNamara est mort «dans son sommeil chez lui à Washington tôt ce matin (lundi)» écrit le journal, citant des membres de la famille de l'ancien chef du Pentagone.

Cet ancien membre des administrations Kennedy et Johnson de 1961 à 1968, fut un «faucon», un partisan du recours à la force, durant la guerre du Vietnam avant d'en exprimer le regret plus tard.

Mais alors que le nombre de troupes américaines atteignait 535 000 hommes en 1968, M. McNamara, doutant qu'une victoire soit possible, s'était opposé à la stratégie du président Lyndon B. Johnson, qui voulait poursuivre l'engagement américain.

Dans des Mémoires publiées en 1995 portant sur «La tragédie et les leçons du Vietnam», il reconnaîtra: «Nous nous sommes trompés, nous nous sommes horriblement trompés».

Une décennie plus tard, alors que l'offensive américaine en Irak entrait dans sa deuxième année, M. McNamara, le faucon devenu colombe, avait copieusement égratigné le président George W. Bush en établissant un parallèle avec le bourbier américain du Vietnam.

«Nous sommes la nation la plus puissante du monde. Nous ne devrions jamais utiliser ce pouvoir unilatéralement», avait-il déclaré lors d'une conférence à New York, en avril 2004, avant d'ajouter: «Si nous avions suivi cette règle, nous n'aurions pas été au Vietnam».

M. McNamara estimait qu'il n'y avait pas de solution en Irak qui n'implique un «rôle majeur des Nations unies», avant de s'enflammer contre la politique de la guerre préventive: «Nous avons les pires problèmes avec la Corée du Nord. Là, l'action préventive, le changement de régime, ça ne marchera pas. Que va-t-on faire? C'est une question sans réponse, mais il faut s'en préoccuper».

2004, année décidément majeure pour M. McNamara puisqu'à l'âge de 88 ans, il choisit la ville de la paix, Assise, en Italie, pour épouser sa seconde femme, l'Italienne Diana Masieri, de 18 ans sa cadette.

Après avoir quitté la politique américaine, Robert McManara se tourna vers les institutions internationales. En 1968, il devint le 5e président de la Banque Mondiale, qu'il dirigera pendant 13 ans, jusqu'en 1981.

M. McNamara, diplômé en économie, mathématiques et philosophie de l'université de Berkeley, s'y bâtira une réputation d'ardent défenseur des pays du tiers monde, insufflant une nouvelle énergie dans les projets de l'institution pour le développement.

Mais l'ancien faucon aura aussi fait un passage dans le secteur privé: en 1960, M. McNamara devint le premier président du groupe automobile Ford à ne pas être issu de la prestigieuse famille de Detroit (Michigan, nord).