Le vice-président américain Joe Biden a rencontré vendredi les hauts responsables américains à Bagdad, où des milliers de partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr ont manifesté leur rejet de cette visite surprise, destinée à accélérer le processus de réconciliation.

M. Biden, dont c'est la première visite en Irak depuis sa prise de fonction en janvier, devait s'entretenir également avec le premier ministre irakien Nouri al-Maliki ainsi que les deux vice-présidents Tarek al-Hachémi et Adel Abdel Mehdi.Dans la matinée, il a rencontré les deux plus hauts responsables américains dans le pays, le chef des forces armées, le général Ray Odierno, et l'ambassadeur Christopher Hill.MM. Odierno et Hill ont dressé le tableau de l'état de la sécurité et de la situation politique dans le pays, selon le bureau de presse de M. Biden, qui n'a pas fourni d'autres détails.Des milliers de partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr ont manifesté dans leur fief de Sadr City, un quartier pauvre de Bagdad, et brûlé la bannière étoilée. «Nous dénonçons les visites suprise des responsables américains en Irak et notamment la dernière du vice-président», a déclaré dans son prêche cheikh Souheil al-Akabi.M. Biden est arrivé jeudi soir à Bagdad, investi par le président Barack Obama de la mission d'accélerer le processus de réconciliation en Irak lancé depuis 2006 par les autorités mais qui peine à réellement produire ses fruits en l'absence de réformes constitutionnelles.Cette visite survient deux jours après le retrait des soldats américains des villes d'Irak, dont l'armée et la police irakiennes assurent désormais la sécurité.M. Biden «discutera avec les dirigeants irakiens de l'importance d'aboutir dans le processus politique nécessaire pour assurer une stabilité à long terme», a indiqué la Maison-Blanche.Il réaffirmera aux dirigeants irakiens l'engagement de Washington à respecter l'accord de sécurité signé fin 2008 qui prévoit un désengagement total des troupes américaines fin 2011.M. Obama a récemment salué le retrait américain des villes comme une «étape importante» vers un retour de l'Irak à une totale souveraineté, mais a prévenu que l'Irak avait encore des «jours difficiles» devant lui.Au rang des préoccupations du président américain figure le partage du pouvoir entre les communautés irakiennes, nécessaire à la stabilité politique après une baisse relative des violences.«Quel est leur plan pour résoudre les différends qui existent?» s'est interrogé M. Biden, cité par le quotidien New York Times après son arrivée à Bagdad.Selon le quotidien, la Maison-Blanche cherche également avec cette visite à rassurer les autorités irakiennes et leur faire savoir que l'Irak reste en tête de ses priorités.La tâche de M. Biden risque toutefois de buter sur les principaux obstacles à une normalisation, comme la question de la réintégration politique des anciens membres du parti Baas du président déchu Saddam Hussein.Dans la foulée de la chute de son régime consécutive à l'invasion de mars 2003, l'armée américaine avait lancé une campagne de débaasification de la société, poussant un grand nombre d'entre eux dans les rangs de l'insurrection. Beaucoup de sunnites estiment avoir été ostracisés.Le deuxième obstacle réside dans les relations difficiles entre l'État fédéral et la région autonome du Kurdistan (nord). Elles concernent la répartition des richesses pétrolières ou la «Constitution» kurde qui devrait être ratifiée fin juillet et qui stipule que la province multiethnique de Kirkouk doit être annexée au Kurdistan.