Le soutien de Barack Obama au président hondurien déchu Manuel Zelaya peut, selon les experts, donner aux Etats-Unis l'opportunité de renforcer leur présence dans la région, mise à mal par l'influence grandissante de pays «gauchistes» comme le Venezuela.

Il n'y avait aucune ambiguïté lundi dans le soutien exprimé par le président américain après le coup d'Etat: «Nous pensons que ce coup d'Etat n'était pas légal et que le président Zelaya reste le président du Honduras», a dit M. Obama.

Et qu'importe que M. Zelaya, élu en tant que président conservateur en janvier 2006, ait opéré au cours de son mandat un net virage à gauche et se soit rapproché de Cuba et du Venezuela, traditionnels pourfendeurs des Etats-Unis.

Cette prise de position donne justement «l'opportunité à la Maison Blanche de désenfler un peu la rhétorique anti-américaine» du président vénézuélien Hugo Chavez, avance Kevin Casas Zamora, expert de l'Institut Brookings de Washington et ancien vice-président du Costa Rica.

Pour les Etats-Unis, l'opportunité est même trop belle, estime-t-il, de «donner une preuve tangible qu'ils prennent au sérieux le climat de bonne volonté qu'ils ont réussi à obtenir lors du Sommet des Amériques», en avril dernier à Trinité-et-Tobago.

La réunion s'était achevée avec la promesse d'une nouvelle ère dans les relations entre les Etats-Unis et leurs voisins du sud. Il restait à voir ces engagements traduits en acte.

L'analyste bolivien Eduardo Gamarra, de l'université internationale de Floride, note toutefois que les Etats-Unis n'avaient en fin de compte guère d'autre choix que de soutenir le président Zelaya.

«Les Etats-Unis ont été obligés de donner leur appui à un président élu démocratiquement. Ce qu'a fait la Maison Blanche est l'unique option qu'elle avait», dit-il.

Le véritable test, selon cet expert, portera sur la capacité des Etats-Unis à s'imposer comme un médiateur crédible, alors même qu'«il y a un grand consensus au sein des institutions internes du Honduras sur le fait que le président (hondurien) allait violer la Constitution».

«Il sera très difficile de changer le cours des événements de l'extérieur sans un dialogue et une médiation qui soient crédibles», estime l'analyste. Et «l'unique dirigeant qui peut être crédible dans ce contexte est le président Obama».

En d'autres temps peut-être, sans crise économique, sans essai nucléaire nord-coréen, sans présidentielle iranienne contestée, remarque Carmen Diana Deere, du Centre des études latino-américaines de l'université de Floride.

«Je ne suis pas sûre qu'Obama soit intéressé par une intervention. Je crois que c'est juste un casse-tête de plus pour son administration et que cela met la Maison Blanche dans une situation inconfortable», dit-elle.

D'autant qu'une éventuelle implication des Etats-Unis au Honduras «est rendue compliquée par les années d'intervention en Amérique centrale», quand les Etats-Unis firent du Honduras une base avancée de lutte contre le régime sandiniste nicaraguayen et la guérilla salvadorienne.

Mais pour les Etats-Unis, il y aussi «une opportunité de démontrer que cette époque est révolue», dit-elle.