Le président américain Barack Obama a averti vendredi Téhéran que les violences envers les manifestants iraniens pourraient menacer le dialogue direct souhaité par Washington, tout en assurant que les discussions multilatérales sur le nucléaire iranien se poursuivraient.

M. Obama s'exprimait à l'occasion d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel, au cours de laquelle les deux dirigeants ont affiché un front commun sur le dossier iranien.

«Il ne fait aucun doute que tout dialogue direct avec l'Iran va être affecté par les événements des dernières semaines», a affirmé le président, partisan depuis son élection d'établir une diplomatie directe avec les autorités iraniennes après 30 ans de rupture entre les deux pays.

Toutefois, a-t-il ajouté, «je m'attends à ce que des discussions multilatérales continuent sur l'Iran», soupçonné par les pays occidentaux de chercher à se doter de l'arme nucléaire alors que Téhéran affirme poursuivre un programme uniquement civil.

A cet égard, «il existe une structure, les négociations des 5+1», groupe rassemblant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU -- France, Chine, USA, Grande-Bretagne, Russie -- et l'Allemagne, a souligné M. Obama.

Il a par ailleurs affirmé qu'il ne prenait pas «au sérieux» les demandes d'excuses de son homologue iranien Ahmed Ahmadinejad, qui l'accuse d'ingérence dans le processus électoral en Iran.

 «Je ne prends pas les déclarations de M. Ahmadinejad au sérieux à propos des excuses (demandées par le président iranien), concernant en particulier le fait que les Etats-Unis se seraient écartés (de leur objectif) de ne pas s'ingérer dans le processus électoral en Iran», a-t-il déclaré.

A l'instar du président Obama, Mme Merkel a condamné la répression sanglante des manifestations, et a appelé à trouver une solution diplomatique au dossier nucléaire iranien.

 «L'Iran ne peut pas compter sur la communauté internationale pour détourner le regard», a-t-elle affirmé, en évoquant des «scènes horribles».

Par ailleurs «nous souhaitons trouver une solution diplomatique pour éviter que l'Iran n'obtienne l'arme nucléaire. Je suis tout à fait d'accord avec le président (Obama) là-dessus».

La chancelière a souligné l'importance de s'accorder sur le dossier iranien avec la Russie, à quelque jours d'une visite officielle de M. Obama à Moscou.

Sur l'Iran «nous voulons forger une position commune dès que possible avec la Russie, mais aussi avec la Chine», a-t-elle dit.

Plus généralement, les Etats-Unis et l'Allemagne se sont engagés vendredi à développer une «relation plus substantielle avec la Russie», a assuré le président Obama.

Les dirigeants américain et allemand ont également assuré être sur la même longueur d'onde au sujet de la lutte contre le réchauffement climatique, au centre d'un projet de loi faisant l'objet ce vendredi d'un vote crucial de la Chambre des représentants américaine.

Ce projet législatif est un «pas immense», a salué Mme Merkel. «Je n'en aurais pas rêvé il y a un an», sous l'administration Bush.

La chancelière est en revanche restée élusive sur sa promesse d'aider Barack Obama à fermer la prison controversée de Guantanamo.

«Nous ne sommes qu'au début d'un processus», a-t-elle fait valoir.

Par deux fois, Berlin a rejeté une demande américaine d'accueillir des détenus ouïgours de Guantanamo, arguant d'un manque d'informations de Washington.