La répression des manifestations en Iran a conduit le président américain Barack Obama à adopter un discours de plus en plus ferme envers le pouvoir iranien, réduisant du même coup les options diplomatiques à sa disposition.

Tout au long de la semaine, M. Obama a exprimé sa sympathie envers les manifestants qui contestent la validité de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle du 12 juin, tout en veillant à ne pas donner au gouvernement de Téhéran l'occasion de présenter les opposants comme des agents manipulés par une puissance étrangère honnie.

Mais, après les scènes de violence contre les manifestants samedi, abondamment relayées par les médias américains, le président américain s'est adressé directement au gouvernement iranien qu'il a appelé «à mettre fin à tous les actes de violence et d'injustice contre sa propre population».

Il s'agissait de ses déclarations les plus fermes depuis le début de la crise. Mais ces propos n'ont pas dévié de sa ligne consistant à ne pas «s'ingérer» dans les affaires intérieures iraniennes, ce qui n'a pas empêché le président iranien de lancer dimanche des accusations d'ingérence contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, entre autres.

D'un côté, insistent des responsables de l'administration américaine, Washington ne peut pas faire grand chose sinon observer l'évolution de la situation. De l'autre, soulignent les voix les plus critiques, les propos mesurés de M. Obama risquent de le rejeter du mauvais côté de l'histoire face aux manifestations les plus importantes depuis la révolution iranienne de 1979.

Depuis son élection, le président américain a manifesté son désir de dialoguer avec les autorités iraniennes sans remettre le régime en question. Mais, après les violences de samedi, il risque de se retrouver face à un pouvoir iranien rendu illégitime par sa propre population.

Le camp républicain ne ménage pas ses piques. «Des événements énormes sont en train de se produire en Iran. Or voyez-vous, le président des Etats-Unis est censé diriger le monde libre, pas le suivre», a déclaré dimanche le sénateur républicain Lindsey Graham sur CNN, accusant M. Obama de s'être montré «timide et passif».

La sénatrice démocrate Dianne Feinstein, à l'inverse, a jugé «crucial» que «les Etats-Unis ne laissent pas leur empreinte» sur ce qui se passe actuellement en Iran. «Nous ne savons pas où vont les choses. Et je ne voudrais pas que nous soyons responsables de la mort de milliers de personnes, ce qui est une possibilité», a-t-elle dit.

M. Obama «ne peut pas s'offrir le luxe de ne penser qu'aux prochains jours. Il doit penser au court terme» mais aussi «aux mouvements tactiques et à la stratégie de long terme», a renchéri sur CNN un autre sénateur démocrate, Bob Casey.

«Je pense que le président a été clair en soulignant et en regrettant les violences» mais d'un autre côté, «sur beaucoup de sujets, y compris les armes nucléaires, les intérêts américains demeurent», a relevé pour sa part le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.

La tâche du président américain est rendue d'autant plus ardue que ses conseillers travaillent jour et nuit pour tenter d'y voir clair dans les événements sans disposer de suffisamment de renseignements solides.

Les Etats-Unis n'ont pas de représentation diplomatique en Iran ni de relations commerciales avec ce pays et les informations collectées sur le terrain par leurs services de renseignement «ne sont pas si bonnes que cela», a reconnu dimanche Dianne Feinstein, qui préside la commission du Renseignement de la chambre haute.