Les Américains pourraient bientôt avoir le choix entre une couverture santé publique et des assurances privées, grâce à une réforme officiellement présentée vendredi à la Chambre des représentants en réponse à l'une des priorités du président Barack Obama.

Défaillant, le système actuel oublie 46 millions d'Américains (environ 15% de la population), selon une statistique communément citée.

Sa réforme, politiquement périlleuse, a vu l'ancien président Bill Clinton échouer dans les années 1990. George W. Bush, lui, s'est contenté de retouches.

C'est donc avec prudence que les élus de la Chambre avancent. Le choix d'une couverture publique est «un choix parmi d'autres», précisent-ils dans un document de synthèse distribué vendredi à la presse.

«Nous encourageons (les assurés) à conserver les couvertures fournies par les employeurs. En d'autres mots, comme le président l'a dit, si vous avez une assurance que vous aimez, vous pouvez la garder», a dit Henry Waxman, le président de la commission de l'Energie et du Commerce de la Chambre, l'un des principaux auteurs du projet.

«Ce premier jet va réformer le marché de l'assurance maladie pour s'assurer que tout le monde peut s'offrir une couverture abordable et de qualité», lit-on dans le document de synthèse.

Les auteurs du futur projet de loi veulent un nouveau marché de l'assurance maladie «transparent», où les particuliers et les employeurs pourraient choisir le meilleur plan possible.

A terme, environ 95% des Américains devraient être couverts, selon les démocrates.

Trois commissions de la Chambre vont travailler dans les jours à venir sur ce premier jet, un document de 852 pages, et «une version finale devrait être prête d'ici à la fin juillet», a dit M. Waxman.

La couverture maladie aux Etats-Unis est pour une grande part entre les mains des assurances privées. Des programmes gouvernementaux couvrent certaines catégories: Medicare (personnes âgées), Medicaid (personnes à faible revenus), mais il n'existe aucun système universel.

Vendredi, le président Obama a immédiatement réagi dans un communiqué en affirmant que la réforme présentée «représente un pas décisif vers notre objectif de réparer ce qui est cassé dans la couverture santé, tout en nous servant de ce qui marche».

Mais, l'America's Health Insurance Plans (AHIP), une association qui représente 1 300 compagnies privées du secteur, a également réagi vendredi en condamnant le plan public car des «estimations montrent que 100 millions de personnes perdraient leur couverture et serait obligées d'adopter un plan public».

En ce qui concerne le financement de la réforme, les responsables démocrates ont indiqué qu'ils travaillaient avec le bureau du Budget du Congrès (CBO) sur l'estimation des mesures.

Le CBO a estimé à 1000 milliards de dollars sur 10 ans le coût de la réforme, selon une étude préliminaire dont les résultats ont été publiés lundi.

Par ailleurs, le plan présenté vendredi insiste sur davantage de mesures de médecine préventive et de bien-être des patients, afin d'améliorer la santé des Américains, mais aussi de tenter de diminuer les coûts.

De leur côté, les sénateurs ont proposé une première ébauche de projet réforme la semaine dernière.

Le débat reste ouvert au Congrès où de nombreuses propositions ont été formulées par les élus, certains envisageant par exemple la solution d'une coopérative qui ne serait pas gérée par l'Etat fédéral.