La récession, l'immigration et l'arrivée au pouvoir d'un président noir constituent un cocktail explosif pour les groupuscules racistes américains, qui se traduit par une augmentation des agressions à l'encontre des minorités.

Selon le président de la Conférence pour les droits civiques Wade Henderson, une agression à caractère racial, antisémite ou visant les homosexuels se produit toutes les heures aux États-Unis, où l'élection de Barack Obama est loin d'avoir mis fin aux divisions raciales.«Le mélange détonnant de crise financière, de changement présidentiel important, et les inquiétudes sur les évolutions démographiques ont créé une situation potentiellement explosive», a expliqué M. Henderson en présentant mardi les conclusions d'un rapport consacré à cette question.

L'enquête cite une étude du Southern Poverty Law Center (SPLC) qui montre que le nombre de groupuscules racistes, antisémites ou anti-homosexuels a augmenté de plus de 4% aux États-Unis en 2008 et de 54% depuis 2000.

Pour le directeur du SPLC, Mark Potok, ces résultats montrent que «l'élection de Barack Obama a enflammé les groupes racistes qui y voient un signe que leur pays est envahi par les non-Blancs».

L'enquête de la Conférence pour les droits civiques souligne que «l'avalanche d'agressions à caractère racial visant des minorités et des immigrés avant et après le jour de l'élection montrent clairement qu'une victoire finale contre les préjugés raciaux et la xénophobie reste hors de portée».

Selon M. Henderson, «il y a eu une réelle augmentation des risques de violences (...) attisées par une rhétorique politique extrémiste, le sensationalisme et l'irresponsabilité que nous avons entendus à la radio ou via d'autres médias comme Internet».

Pour illustrer l'idée que les discours haineux engendrent la violence, au pays de la liberté d'expression, M. Henderson a cité l'exemple de la fusillade survenue la semaine dernière au musée de l'Holocauste de Washington au cours de laquelle un octogénaire a tué un agent de sécurité.

«Le tireur avait professé ses opinions sur la supériorité de la race blanche en ligne pendant des années. La semaine dernière, les mots ont viré à la haine», a dit M. Henderson.

Il a aussi souligné que les agressions à l'encontre des Hispaniques, qui représentent la majorité des immigrés aux États-Unis, avaient augmenté à mesure que le débat sur une future réforme de l'immigration s'intensifiait, et que les «propos au vitriol anti-immigration à la radio, la télévision et sur Internet», se multipliaient.

Il a cité le cas de Luis Ramirez, un père de famille mexicain battu à mort l'an dernier en Pennsylvanie (est) par des adolescents qui proféraient des insultes à caractère raciste.

Barack Obama, premier Noir élu à la présidence des États-Unis, a lui-même reçu plus de menaces qu'aucun autre dirigeant avant lui, souligne le rapport qui appelle les parlementaires à légiférer rapidement sur les crimes racistes ou antisémites.

Le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, s'est engagé lundi à un vote rapide de la chambre haute sur un texte sur les «crimes et délits haineux» qui fournirait des fonds spéciaux aux forces de l'ordre fédérales et locales pour enquêter et poursuivre les auteurs de telles agressions.

Le texte, dont une version a déjà été adoptée par la chambre basse, est pour la première fois étendu aux crimes motivés par l'orientation sexuelle ou le handicap mental ou physique de la victime.