Les Etats-Unis ont affiché dimanche un scepticisme appuyé quant à la légitimité de la réélection du président iranien Mahmoud Ahmadinejad à l'élection présidentielle, qui soulève «énormément de questions» selon le vice-président américain Joe Biden.

«Vu la façon dont ils répriment la liberté d'expression, la façon dont ils répriment la foule, la manière dont les gens sont traités, il y a de vrais doutes» sur la légitimité de la réélection du président sortant, a-t-il jugé sur la chaîne de télévision NBC.

«Il y a énormément de questions concernant la manière dont cette élection a été menée» en Iran, a-t-il ajouté, alors que le candidat malheureux à la présidentielle iranienne, Mir Hossein Moussavi vient de demander l'annulation des résultats pour «irrégularités».

 «Par exemple, 70% des votes viennent des villes, ce n'est pas le point fort d'Ahmadinejad» et «il semble improbable qu'il ait obtenu 68% et quelque des votes dans de telles circonstances», a fait valoir le vice-président américain.

Toutefois, «nous n'avons pas assez de faits pour établir un jugement définitif», a-t-il admis. «Il faut que nous analysions les résultats (...) et nous pourrons alors émettre un meilleur jugement».

Les réserves de M. Biden sont les plus fortes exprimées jusqu'ici par Washington depuis l'annonce des résultats du scrutin iranien samedi. La Maison Blanche avait seulement affirmé, dans un bref communiqué, que les Etats-Unis continuaient à «suivre de près la situation, y compris les informations faisant état d'irrégularités».

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton avait également réagi avec prudence samedi en exprimant l'espoir que le résultat «reflète bien la véritable volonté et le désir du peuple iranien».

Interrogé sur la volonté du président américain Barack Obama d'engager un dialogue ferme mais direct avec le régime islamique, quel que soit le vainqueur de l'élection, M. Biden a confirmé que les Etats-Unis étaient «prêts à parler» avec l'Iran.

 «Nos intérêts sont les mêmes avant et après cette élection: nous voulons qu'ils arrêtent de chercher à se doter de l'arme nucléaire et, deuxièmement, de soutenir le terrorisme».

Les analystes s'accordent toutefois à dire que la réélection annoncée du président Ahmadinejad, jusqu'ici sourd aux appels à la suspension du programme nucléaire iranien, complique sérieusement la tâche de M. Obama.

De nouveaux affrontements se sont produits dimanche entre des manifestants pro-Moussavi et la police à Téhéran, où M. Ahmadinejad a qualifié le scrutin de vendredi de «camouflet» pour les «oppresseurs» du monde, en allusion à l'Occident, et assuré à une foule de milliers de partisans que les élections étaient «les plus propres».

L'Allemagne a condamné dimanche les violences policières à l'encontre des manifestants en Iran.

«Les actions violentes des forces de sécurité à l'encontre des manifestants sont inacceptables», a affirmé le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, en appelant par ailleurs les autorités de Téhéran à faire toute la lumière sur d'éventuelles irrégularités dans le scrutin.

Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a pour sa part estimé qu'il n'y aurait «pas de solution dans la brutalité».

Le fils du dernier shah d'Iran renversé par la révolution islamique, Reza Pahlavi, a lui appelé à «la fin de la République islamique», dans un communiqué publié depuis Washington.