Le président Barack Obama est parti mardi pour le Proche-Orient tendre la main aux musulmans et chercher le soutien arabe à l'entreprise de paix entre Israéliens et Palestiniens, une paix sans laquelle les problèmes de la région ne seront résolus selon lui.

Signe de la difficulté de sa tâche face aux courants contraires parcourant la région, M. Obama y a été précédé par un message du numéro deux d'Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri. L'adjoint d'Oussama Ben Laden a ravalé M. Obama au rang de «criminel» perpétuant les guerres en Irak et en Afghanistan, et a dénigré son voyage comme une «visite ridicule» et une «opération de relations publiques».

Un grand discours de réconciliation à l'adresse des musulmans s'annonce pourtant comme le point d'orgue, jeudi au Caire, de ce bref séjour dans la région, qui le conduira aussi chez l'allié saoudien mercredi.

Moins visible, l'effort engagé pour ranimer une diplomatie moribonde entre Israéliens et Palestiniens s'est imposé progressivement comme l'autre priorité du premier voyage du président Obama dans la région.

Cet effort donne lieu à un conflit d'une force inattendue entre les intérêts des Etats-Unis et de leur ami historique, Israël.

Comme les autres pays arabes, l'Arabie saoudite, qui passe pour pouvoir jouer un rôle primordial pour la paix, attend de M. Obama qu'il rompe avec l'indulgence supposée de son prédécesseur George W. Bush envers Israël.

M. Obama a paru vouloir rassurer quant à sa fermeté lundi lorsque il a affirmé la nécessité d'être «honnête» avec Israël sur le fait que la tendance actuelle, «dans la région, est profondément négative, non seulement pour les intérêts israéliens, mais aussi pour les intérêts américains».

Un Etat palestinien doit voir le jour à terme et Israël doit arrêter la colonisation dans les Territoires, a redit M. Obama, ce à quoi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se refuse d'adhérer.

Pour convaincre les Israéliens, M. Obama pourrait tenter, avec des chances réduites de succès selon les experts, d'obtenir du président égyptien Hosni Moubarak et du roi Abdallah d'Arabie saoudite des mesures concrètes signalant une volonté arabe de conciliation.

Avec le roi Abdallah, M. Obama devrait aussi parler du pétrole et des activités nucléaires de l'Iran chiite, qui inquiètent l'Arabie et les autres pays de la région.

Résoudre le conflit israélo-palestinien est aussi une affaire de crédibilité américaine, durement éprouvée sous la présidence Bush, a dit M. Obama.

Aussi évoquera-t-il la question dans son discours à l'université du Caire.

Le Proche-Orient, passé le préjugé favorable envers un président qui est chrétien mais a passé une partie de son enfance en Indonésie, le plus grand pays musulman au monde, risque de le juger davantage à ses actes qu'à ses paroles, préviennent les experts.

La Maison Blanche va mobiliser les grands moyens de la communication moderne pour que la parole de M. Obama soit entendue du plus grand nombre, mais elle admet qu'il en faudra plus pour regagner les faveurs musulmanes.

«Il s'agit de remettre à zéro nos relations avec le monde musulman (...) Nous ne nous attendons pas à ce que tout change après un seul discours», a dit son porte-parole Robert Gibbs.

Après l'Egypte, M. Obama ralliera l'Europe pour visiter vendredi le camp de concentration de Buchenwald (Allemagne) et participer samedi au 65e anniversaire du Débarquement en Normandie (France).