Le choix du président Barack Obama de désigner comme juge à la Cour suprême la magistrate hispanique Sonia Sotomayor place les républicains devant un débat délicat, avec le risque de perdre un peu plus d'électeurs hispaniques s'ils tentent de lui faire barrage.

«D'un côté, les républicains peuvent rallier leurs partisans en mettant l'accent sur sa philosophie judiciaire de gauche. D'un autre, ils doivent faire attention à ne pas s'aliéner l'électorat hispanique», résume John Pitney, professeur de sciences politiques au Claremont McKenna College.

Les républicains, en pleine reconstruction après la débâcle des élections de novembre, n'ont que très peu à gagner à opposer un barrage sérieux à la nomination de la juge Sotomayor lors de l'examen de sa nomination par le Sénat en vue de sa confirmation.

«A moins qu'il y ait quelque chose qui sorte vraiment de l'ordinaire, ce sera vraisemblablement une confirmation en douceur si les républicains sont politiquement intelligents», a estimé John Ullyot, tacticien républicain.

«Politiquement, il est plus avisé de garder des cartouches pour se battre une autre fois», a-t-il dit.

Pourtant, les angles d'attaques ne manquent pas: le militantisme de gauche supposé de Sonia Sotomayor, ses positions jugées trop progressistes sur les questions raciales par la base républicaine, sa réputation de magistrate cassante, le fait que certaines de ses décisions aient été renversées.

Mme Sotomayor pourrait aussi être critiquée pour avoir affirmé il y a quelques années que «la cour d'appel est le lieu où se fait la politique», une déclaration qu'elle a retirée par la suite.

Mais le vote de la communauté hispanique, soit près de 10% du corps électoral, un peu plus d'un an avant les élections de 2010, devrait freiner les conservateurs.

Si elle est confirmée par le Sénat, Mme Sotomayor, 54 ans, deviendra la première Hispanique et la troisième femme à figurer parmi les neuf juges de la plus haute juridiction américaine. Diplômée des prestigieuses universités de Yale et de Princeton, elle possède une expérience de magistrate indéniable.

Par ailleurs, Mme Sotomayor remplace le juge David Souter, démissionnaire, dont les votes ont le plus souvent été marqués à gauche. L'équilibre fondamental de la Cour ne devrait donc pas être perturbé.

Janet Murguia, la présidente du groupe de pression hispanique La Raza, a même indiqué que «certains républicains hispaniques qui veulent voir cette nomination confirmée se sont manifestés».

Dans ces conditions, les républicains du Sénat se sont pour l'instant contentés de réclamer du temps pour examiner le profil de la magistrate. «Nous examinerons minutieusement ses références», a indiqué le chef de la minorité, Mitch McConnell.

L'animateur de radio ultra-conservateur Rush Limbaugh s'est démarqué en affirmant que la magistrate hispanique est une «raciste inversée».

L'ex-président républicain de la Chambre des représentants Newt Gingrich a également qualifié mercredi Mme Sotomayor de «raciste» sur le site de socialisation Twitter, comme l'a relevé la presse américaine.

Mme Sotomayor devrait être auditionnée par la commission judiciaire du Sénat dans les prochaines semaines. Si les républicains choisissaient de s'opposer à sa nomination, ils ne posséderaient pas les voix nécessaires pour y parvenir et pourraient seulement retarder le vote final de confirmation.