Le président américain Barack Obama a appelé mardi le régime militaire birman à libérer «immédiatement et sans conditions» l'opposante Aung San Suu Kyi, accusée devant la justice birmane d'avoir hébergé début mai un Américain alors qu'elle était assignée à résidence.

«J'appelle le gouvernement birman à libérer immédiatement et sans conditions la secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi», a déclaré le président Obama dans un communiqué.

«Je condamne fermement son assignation à résidence et sa détention, qui ont également été condamnées dans le monde entier», a-t-il ajouté.

«La détention continue d'Aung San Suu Kyi, son isolation et son procès-spectacle basé sur de fausses accusations jettent de sérieux doutes sur la volonté du régime birman de figurer au sein de la communauté internationale en tant que membre responsable», a dit M. Obama.

Aung San Suu Kyi, 63 ans, est formellement accusée d'avoir hébergé les 4 et 5 mai un Américain de 53 ans, John Yettaw, qui a réussi à gagner à la nage sa demeure, située au nord du lac Inya, à Rangoun. Elle est passible d'une peine d'emprisonnement de cinq ans, ce qui l'excluerait du paysage politique pendant les élections controversées de 2010.

Appelée mardi pour la première fois à la barre depuis le début de son procès le 18 mai dans la prison d'Insein, au nord de Rangoun, elle a nié avoir enfreint les règles de son assignation à résidence.

«Il est temps pour le gouvernement birman d'abandonner toutes les accusations contre Aung San Suu Kyi et de la libérer sans conditions, ainsi que ses compagnons prisonniers politiques», a poursuivi le président Obama, louant le «profond patriotisme» de l'opposante, ainsi que son «sacrifice» pour «une Birmanie démocratique et prospère».

Assignée à résidence depuis 2003, elle a été privée de liberté pendant plus de 13 des 19 dernières années.

Le président américain a laissé entendre que les perspectives d'intégration de la Birmanie au sein de la communauté internationale pourraient dépendre du sort de Mme Suu Kyi.

Sa libération «constituerait un geste clair et significatif de la part de la Birmanie pour commencer à retrouver son rang aux yeux des Etats-Unis et du monde», a dit Barack Obama.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait jugé la semaine dernière «scandaleux» le procès de l'opposante birmane, assurant que l'administration américaine essayait de voir si des pays tiers pouvaient faire pression sur la junte militaire afin d'obtenir sa libération.

La junte au pouvoir est restée sourde jusqu'ici à tous les appels internationaux en vue de la libération de l'opposante.