Le président américain Barack Obama a appelé dimanche les tenants de l'avortement et leurs adversaires à trouver un «terrain d'entente», dans un discours à l'université catholique Notre Dame à South Bend (Indiana, nord).

«Lorsque nous ouvrons nos coeurs et nos esprits à ceux qui peuvent ne pas penser comme nous, ou ne pas croire comme nous, c'est alors que nous découvrons au moins la possibilité d'un terrain d'entente», a dit le président.

«D'une certaine manière, les vues des deux camps sont irréconciliables», a-t-il dit avant d'ajouter que «chaque camp va continuer de proposer ses vues avec passion et conviction. Mais très certainement, nous pouvons faire cela sans réduire les opinions des opposants à de la caricature».

«Coeur ouvert, ouverture d'esprit, impartialité. C'est un façon de vivre qui a toujours été dans la tradition de Notre Dame», a dit le président devant une assemblée d'étudiants dont c'était la cérémonie de remise des diplômes.

Pendant ce temps, plusieurs centaines de militants anti-avortement ont manifesté dans les rues menant à l'entrée du campus, arborant des pancartes avec des images de foetus avortés et dénonçant le soutien de M. Obama envers les défenseurs du droit au choix. Dix-neuf personnes ont été arrêtées dans le cadre de ces manifestations, selon la presse locale.

 «Ce pays a du sang sur les mains et nous allons en payer le prix», a dit un manifestant, David McWilliams.

A l'inverse, une militante du parti révolutionnaire communiste Sunsara Taylor a dit: «Il y a des millions de femmes dont le droit à l'avortement est compromis par ces chrétiens fascistes».

Par ailleurs, dans l'enceinte sportive où se déroulait le discours, quatre hommes criant des slogans anti-avortement ont tenté d'interrompre M. Obama. L'un d'eux a lancé: «cessez de tuer les bébés». Un autre a dit: «l'avortement est un meurtre». Ils ont rapidement été escortés par la police vers l'extérieur.

Plusieurs étudiants avaient placé un logo «Obama» sur leurs chapeaux, alors qu'un étudiant en architecture portait de son côté un slogan anti-avortement sur le dessus d'une maquette de la Cour suprême.

Les étudiants ont longuement ovationné le président pendant et après son discours.

Au cours de la cérémonie le président a reçu un doctorat honoris causa de droit dans cette université catholique fondée en 1842.

Pourtant, plus de 360.000 personnes avaient signé une pétition demandant à la présidence de l'université d'annuler l'invitation.

 «Le président a admis pendant la campagne (présidentielle) qu'il ne sait pas à partir de quand l'enfant devient un être humain. Comment pouvez-vous défendre les droits humains si vous ne savez pas qui en bénéficie?», a déclaré dimanche sur la chaîne de télévision Fox le prêtre Frank Pavone, l'un des organisateurs des protestations.

M. Pavone a mis en lumière un nouveau sondage de Gallup selon lequel les Américains se définissent désormais plus majoritairement (51%) comme «anti-avortement» que l'inverse (42%).

Cette controverse intervient au moment où le président doit se prononcer prochainement sur le choix d'un nouveau juge pour la Cour suprême, dont la position sur l'avortement sera regardée de près.

Selon un sondage récent du Pew Center, 28% des catholiques interrogés ont estimé qu'il ne fallait pas inviter le président, alors que 50% ont jugé que c'était la bonne chose à faire.