La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, reçoit jeudi à Washington son homologue russe Sergueï Lavrov dans un contexte tendu par des manoeuvres de l'Otan en Géorgie, malgré l'engagement de Washington à améliorer les relations avec Moscou.

La chef de la diplomatie américaine doit avoir un entretien bilatéral et une conférence de presse commune avec le ministre russe des Affaires étrangères, avant de déjeuner avec lui au département d'Etat. Ils doivent notamment préparer une rencontre de leurs présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev en juillet à Moscou.

Signe des tensions persistantes entre les deux pays malgré leur volonté affichée de «repartir à zéro», le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine, a téléphoné mercredi à son homologue américain Dan Fried pour noter que la situation en Géorgie devient un «facteur de déstabilisation» dans la région.

Il faisait allusion aux accusations des autorités géorgiennes selon lesquelles la Russie est impliquée dans la mutinerie d'une base de blindés en Géorgie, en proie depuis le 9 avril à une vague de manifestations de l'opposition qui tente d'obtenir la démission du président Mikheïl Saakachvili, allié des Etats-Unis.

Ces incidents se produisent alors que le rapprochement entre l'Otan et la Russie, après plus de huit mois de brouille due à la crise en Géorgie de l'été 2008, marque le pas.

M. Lavrov a décidé de ne pas participer au Conseil Russie-Otan prévu fin mai, pour protester contre des exercices militaires de l'Otan en Géorgie, dont la Russie a demandé l'annulation à plusieurs reprises sans succès.

Autre sujet de contentieux, la Russie a retiré l'accréditation de deux Canadiens travaillant pour l'Otan à Moscou, suite à l'expulsion de deux diplomates russes auprès de l'Alliance après une affaire d'espionnage.

Dans ce contexte, le désarmement et la question du bouclier antimissile que les Etats-unis ont prévu de déployer en Pologne et en République Tchèque, au grand dam de Moscou, pourraient permettre de détendre l'atmosphère.

Lors de leur première rencontre début mars à Genève, Mme Clinton et M. Lavrov avaient convenu de relancer les négociations sur un accord pour remplacer le Traité de réduction des armes stratégiques START. La première série de négociations est prévue à Moscou du 18 au 20 mai.

Dans un récent entretien à l'agence russe Interfax, la secrétaire d'Etat américaine adjointe chargée du contrôle des accords sur le désarmement, Rose Gottemoeller, a estimé que la proposition de la Russie d'utiliser en commun avec les Etats-Unis une station radar en Azerbaïdjan «mérite d'être examinée».

Moscou avait proposé en 2007 à Washington d'utiliser cette station radar russe proche de l'Iran en guise de solution de remplacement au bouclier antimissile mais l'administration Bush n'avait pas donné suite.

Le ministre russe des Affaires étrangères a aussi prévu de participer en fin d'après-midi à un débat sur l'avenir des relations russo-américaines au Carnegie Endowment for International Peace, un centre de recherche de Washington.

Il doit présider lundi à New York une réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Proche-Orient.