Connu pour ses positions progressistes à la Cour suprême des Etats-Unis, le juge David Souter, 69 ans, est donné partant, offrant à Barack Obama la rare opportunité de nommer un nouveau gardien de la Constitution, mais sans renverser l'équilibre actuel de l'institution.

A la Une des quotidiens, à la télévision, sur les ondes ou les blogs, les gros titres s'enchaînaient vendredi: David Souter, nommé par George Bush père en 1990 aux plus hautes fonctions du pays, va démissionner fin juin.

Peu friand de la vie citadine et de Washington en particulier, M. Souter entend profiter de sa retraite dans la ferme familiale de Nouvelle Angleterre que cet homme discret aurait préféré ne jamais quitter.

Interrogée par l'AFP, la Cour suprême s'est refusée à confirmer tant ce départ que l'imminence d'une annonce. Traditionnellement, ce sont les juges qui décident du moment où ils rendent publique leur démission ou la démentent.

«Le président n'a reçu aucune communication formelle de la part du juge Souter», a dit un collaborateur de la Maison Blanche sous le couvert de l'anonymat.

La Cour suprême est appelée à se prononcer sur des questions fondamentales de société, et parce que ses juges sont nommés à vie par le président, elle occupe une place à part dans la vie américaine, au-delà des rythmes électoraux.

A titre d'exemples récents, la Cour a jugé l'injection mortelle constitutionnelle, estimé que la Constitution autorisait chaque Américain à posséder une arme chez lui mais a aussi par trois fois opposé de sérieux revers au gouvernement Bush sur la manière dont il traitait les détenus de Guantanamo.

Alors que son bord conservateur a été affermi par George W. Bush qui a nommé deux juges de 54 et 59 ans, le remplacement de M. Souter ne devrait pas modifier profondément une cour idéologiquement aujourd'hui assez équilibrée.

Quatre juges sont en effet de tendance progressiste, quatre conservatrice et le juge Anthony Kennedy vote tantôt avec les uns, tantôt avec les autres.

Lui-même professeur de droit formé à Harvard, le président américain Barack Obama devrait, selon les observateurs, privilégier compétence et probité sur toute considération politique.

Ceci d'autant plus que ce départ intervient au début de son mandat et qu'un autre juge de la Cour suprême, John Paul Stevens, est âgé de 89 ans: bien que très en forme, il pourrait donner à M. Obama sa deuxième occasion de procéder à une nomination suprême d'ici 2012.

Pendant la campagne, M. Obama avait plusieurs fois répété son souci de nommer quelqu'un qui ait «du coeur, de l'empathie» pour «les personnes vulnérables».

Avec un Congrès proche de compter 60 sénateurs démocrates, il devrait néanmoins subir de fortes pressions de son aile gauche pour nommer une personnalité fortement marquée démocrate.

Quoiqu'il en soit, le futur juge sera à coup sûr une juge.

Seule Ruth Bader Ginsburg siège aujourd'hui parmi les neuf sages et George W. Bush avait été très critiqué pour avoir nommer deux hommes.

Plusieurs noms circulent depuis des mois à Washington, au premier rang desquels Elena Kagan, ancienne doyenne de la faculté de droit de Harvard et avocate du gouvernement.

Modérée et hispanique, Sonia Sotomayor, juge à la Cour d'appel de New York, est également citée par les spécialistes, de même que Diane Wood, juge à la Cour d'appel de l'Illinois (nord), Etat dont M. Obama était sénateur.

Si sa démission se confirme, David Souter quittera la Cour fin juin, et le débat au Sénat menant à la confirmation de son successeur se tiendra cet été, pour une prise de fonction début octobre, lors de la reprise des travaux.