Cent jours après l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, les républicains semblent moins influents que jamais. Leur refus de collaborer avec un président populaire déplaît aux Américains. La défection-surprise du sénateur vétéran Arlen Specter vient s'ajouter à leurs déboires. Or, le parti a peutêtre de beaux jours devant lui, note notre correspondant.

Le Parti républicain est dans un creux historique: il est moins populaire aujourd'hui qu'à n'importe quel moment depuis 25 ans. À peine 31% de l'électorat dit avoir une opinion favorable du parti.

 

La raison de cette impopularité est simple: huit Américains sur dix estiment que les républicains portent le blâme de la crise économique, selon un récent sondage commandé par le Wall Street Journal.

La crise de leadership chez les républicains ne semble pas déplaire à l'administration Obama. Plusieurs responsables ont pris plaisir, le mois dernier, à affirmer que l'animateur de radio conservateur Rush Limbaugh était devenu «le chef idéologique» des républicains, déclenchant une chicane publique au sein du parti.

À plus long terme, les choses s'annoncent difficiles pour le parti. Le succès de Barack Obama aux dernières élections a été particulièrement retentissant chez les jeunes adultes. Chez les électeurs âgés de 18 à 29 ans, 58% disent être d'allégeance démocrate, contre 33% pour les républicains. Il y a 15 ans, les deux partis étaient à égalité pour ce groupe d'âge.

Or, il est naïf de croire que le Parti républicain est condamné à une longue agonie, a récemment rappelé le chroniqueur du New York Times, Paul Krugman.

Les républicains, dit-il, étaient en aussi mauvaise posture il y a 10 ou 15 ans et cela ne les a pas empêchés de reprendre le contrôle à la fois du Congrès et de la Maison-Blanche.

«Pour l'heure, l'administration Obama a les coudées franches, notamment parce qu'elle ne fait pas face à un parti de l'opposition crédible, surtout sur la question des politiques économiques. Or, le Parti républicain demeure l'un des deux partis nationaux et il pourrait très bien reprendre le pouvoir s'il devait changer de leadership.»

Débats intéressants

La crise d'identité du Parti républicain promet de donner lieu à des débats intéressants. Récemment, Steve Schmidt, ancien directeur de la campagne présidentielle de John McCain, a fait les manchettes après avoir suggéré que les républicains devraient appuyer... le mariage gai.

Les jeunes électeurs sont majoritairement en faveur du mariage gai et les positions du Parti républicain pourraient devenir intenables à long terme, calcule-t-il.

«Les républicains devraient réexaminer leurs positions sur des enjeux qui ne font pas partie à mon avis de leurs valeurs fondamentales, a dit Schmidt. Le danger est que, au fil du temps, les républicains se retrouvent coupés de l'opinion de la majorité des électeurs.»

L'un des républicains les plus populaires du moment, le gouverneur de l'Utah, Jon Huntsman Jr, est d'ailleurs en faveur de l'union civile. M. Huntsman a été réélu en novembre dernier avec 77% des voies, dans un État socialement conservateur.

Le Grand Old Party (GOP) réussira-t-il à renaître de ses cendres? Si le passé est garant de l'avenir, le parti a de beaux jours devant lui.