L'Organisation mondiale de la santé «reste en phase d'alerte 4» sur une échelle de six face à la grippe porcine, a annoncé mardi le numéro deux de l'OMS, le Dr Keiji Fukuda, en soulignant que «la situation épidémiologique continue d'évoluer».

 A ce stade, «la situation est très sérieuse. Un pandémie n'est pas inévitable mais la possibilité est prise très au sérieux», a souligné le directeur général adjoint de l'OMS.

Il est «crucial d'identifier (les voyageurs infectés par la grippe porcine), car cela nous aide à suivre le virus dans le monde et la manière dont il se déplace», a ajouté d'autre part le Dr Fukuda.

La «confirmation finale» de cas de grippe porcine aux Etats-Unis signifierait qu'un nouveau foyer de la maladie s'est développé en dehors du Mexique, justifiant le passage à la phase 5 de l'alerte pandémique, a indiqué mardi l'Organisation mondiale de la santé.

«S'il y a une confirmation de cas locaux aux Etats-Unis, nous pourrions en principe passer à la phase 5», a expliqué lors d'un point de presse un porte-parole de l'OMS, Gregory Hartl.

Les autorités américaines, qui ont dénombré plus de 44 cas de grippe porcine sur leur territoire, ont fait état lundi de 28 malades avec des symptômes légers confirmés dans une école de l'est de New York, et de 17 malades «probables».

Selon le porte-parole de l'OMS, «il pourrait y avoir un autre exemple» aux Etats-Unis.

«Nous attendons toujours une confirmation finale des autorités américaines», mais si tel était le cas, alors le «Comité d'urgence de l'OMS pourrait prendre la décision de relever» une nouvelle fois le niveau d'alerte pandémique, a précisé M. Hartl.

Le passage à la phase 5, avant-dernier niveau avant la déclaration de la pandémie, signifie que la pandémie est non seulement imminente mais surtout inévitable.

«Si nous passons à la phase 5, ce sera un changement majeur», a-t-il insisté. Le déclenchement du niveau 5 est justifié, selon les critères de l'OMS, par l'apparition d'un foyer infectieux dans un deuxième pays.

Face à la recrudescence de cas dans le monde, l'OMS a déjà relevé lundi soir son niveau d'alerte pandémique le faisant passer de 3 à 4 sur une échelle de 6 degrés, indiquant une «montée en puissance significative du risque de pandémie» en raison d'une transmission avérée du virus entre humains.

Parti en mars du Mexique, le virus de grippe porcine d'un type inédit a fait des cas humains non mortels diagnostiqués aux Etats-Unis, au Canada, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Israël et en Nouvelle-Zélande. Mais jusqu'à présent, tous les cas confirmés hors Mexique par l'OMS concernent des personnes revenant du Mexique ou leurs proches.

L'Organisation onusienne tente par tous les moyens de déterminer les caractéristiques du virus afin de mieux en contrôler la diffusion.

«Nous n'avons pas d'information sur la façon dont il fonctionne, dont il se transmet», a reconnu M. Hartl, soulignant que les réunions à haut niveau se succédaient au siège genevois de l'OMS y compris avec des partenaires privés.

Ce que l'OMS craint le plus aujourd'hui, «c'est la transmission», a-t-il expliqué soulignant l'incompréhension des experts de l'organisation devant le fait que le virus ait pris des formes mortelles au Mexique et soit resté peu virulent aux Etats-Unis.

«On ne peut l'expliquer. La grande inconnue, c'est également comment le H1N1 va se présenter dans ses transmissions futures», a ajouté le porte-parole répétant les craintes formulées dimanche par le numéro deux de l'organisation.

«Quand les virus évoluent, il est clair qu'ils peuvent devenir beaucoup plus dangereux pour la population», avait alors expliqué le Dr Keiji Fukuda.