La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a retrouvé sa verve de la campagne présidentielle mercredi au Congrès, pour y défendre avec passion le droit à l'avortement et la décision de l'administration de financer des campagnes de planning familial à l'étranger.

Mme Clinton, qui témoignait devant la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, venait d'être interpellée par un élu républicain du New Jersey fervent opposant à l'avortement, Christopher Smith, qui lui a demandé si l'administration du président démocrate Barack Obama cherchait à influencer des pays d'Afrique ou d'Amérique Latine en matière de contraception.

Il faisait allusion à la décision annoncée fin mars par le département d'Etat de contribuer à hauteur de 50 millions de dollars au Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) en 2009, leur premier apport depuis sept ans à ce fonds qui finance notamment des campagnes en faveur de la contraception.

«Monsieur le représentant, je respecte profondément vos inquiétudes passionnées et les opinions que vous avez toujours défendues dans votre carrière», a rétorqué la chef de la diplomatie américaine.

Mais «nous sommes en total désaccord», a-t-elle ajouté. «Je suis fermement convaincue que vous avez le droit de défendre vos opinions et tous ceux qui sont d'accord avec vous devraient pouvoir le faire, mais nous aussi».

«Il se trouve que nous considérons le planning familial comme une part très importante de la santé des femmes et la santé de la reproduction comprend l'accès à l'avortement qui, à mon avis, doit être sûr, légal et rare», a poursuivi Mme Clinton.

«J'ai visité des hôpitaux au Brésil où la moitié des femmes accueillaient leur bébé avec une joie enthousiaste et l'autre moitié luttaient pour leur vie après un avortement raté», a-t-elle ajouté.

«Je suis allée dans des pays d'Afrique où des fillettes de 12 ou 13 ans attendent des enfants. Je suis allée dans des pays d'Asie où le refus de planning familial confine les femmes à une vie d'oppression et de détresse», a-t-elle continué.

L'ex-président George W. Bush, foncièrement opposé à l'avortement et la contraception, a financé pendant ses deux mandats des campagnes de promotion de l'abstinence, notamment en Afrique.

Une autre élu républicain, Jeffrey Fortenberry, du Nebraska, est revenu à la charge peu après en déclarant que «la politique étrangère américaine ne devrait pas être utilisée pour exporter l'avortement».

«A mon avis, cela affaiblira notre politique étrangère dans de nombreuses régions du monde, notamment en Amérique Latine, en Afrique et dans le monde musulman», a-t-il remarqué.

Mme Clinton ne s'est pas démontée: «Nous avons eu huit ans de la politique que vous décrivez. Et je pense que nous sommes revenus en arrière. Nous avons perdu du terrain en terme de soins réels et authentiques aux femmes».

L'ancienne Première dame des Etats-Unis a rappelé que lors de son passage à la Maison Blanche dans les années 90, elle avait lancé une campagne contre les grossesses chez les adolescentes, notamment par l'information sur la contraception et l'avortement.

«Je suis désolée d'annoncer qu'après huit ans de destruction de ce bon travail, le taux de grossesse chez les adolescentes est reparti à la hausse», a-t-elle noté.