La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a assuré mardi vouloir renforcer les relations entre les Etats-Unis et la Libye, ancienne bête noire de Washington, en recevant au département d'Etat l'un des fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi.

«Nous accordons une grande valeur aux relations entre les Etats-unis et la Libye», a déclaré la chef de la diplomatie américaine à la presse en accueillant Moutassim Kadhafi, conseiller à la sécurité nationale de son père.

«Nous aurons beaucoup d'occasions d'approfondir et d'élargir notre coopération et je serai très heureuse de renforcer cette relation», a ajouté Mme Clinton, avant de serrer la main du jeune homme.

Un porte-parole du département d'Etat, Robert Wood, a qualifié de l'entretien de productif» et a noté que les deux dirigeants avaient notamment parlé de «coopération en matière de sécurité». Il s'est refusé à toute précision sur l'objectif et l'étendue de cette coopération.

Mme Clinton pour sa part a indiqué avoir soulevé avec le jeune Kadhafi la question des droits de l'homme en Libye, et notamment le cas de l'opposant libyen Fathi al-Jahmi, hospitalisé sous surveillance dans des conditions sanitaires dénoncées par sa famille.

«Nous avons effectivement soulevé la question des droits de l'homme et notamment le cas que vous avez mentionné, avec le conseiller à la sécurité nationale aujourd'hui», a indiqué Mme Clinton, interrogée à ce sujet au cours d'une conférence de presse avec la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf.

Les relations entre la Libye, pays producteur de pétrole, et les Etats-Unis ont connu, tout au long des 30 dernières années, des crises à répétition. Rompues en 1981 en raison du soutien présumé de la Libye au terrorisme, elles n'ont été rétablies qu'en 2004, après que la Libye a renoncé à ses armes de destruction massive.

Mais les relations sont restées limitées, en raison notamment du contentieux entre Washington et Tripoli sur l'indemnisation des victimes du terrorisme dans les années 80, qui n'a été réglé que fin 2008.

Dans une tribune libre récemment publiée par le New York Times, l'ambassadeur de la Libye à Washington, Ali Aujali, a estimé que son pays n'avait pas suffisamment profité de sa décision de renoncer à son armement.

«Notre expérience envoie un mauvais signal à des pays comme l'Iran et la Corée du Nord», a-t-il estimé.

«Washington n'a jamais envisagé comment nos deux pays pourraient mettre en place de nouvelles relations qui auraient une influence positive sur la façon dont d'autres proliférateurs calculent les coûts et les bénéfices de l'abandon des armes de destruction massive».

Interrogé à ce sujet, M. Wood a reconnu que les relations n'avaient pas autant changé qu'espéré. «Mais il ne faut pas s'attendre à ce que des relations changent du jour au lendemain», a-t-il ajouté. «Cela prend du temps.»

«Mais nous sommes résolus à y travailler dur», a-t-il assuré.

Le Sénat américain a confirmé en novembre la nomination du diplomate de carrière Gene Cretz au poste de premier ambassadeur des Etats-Unis en Libye depuis 36 ans.