Un détenu de la prison américaine de Guantanamo a pu téléphoner à la chaîne satellitaire panarabe Al-Jazira pour dire qu'il a été sévèrement battu pour avoir refusé de quitter sa cellule. Il s'agit de la première interview accordée à un média par un détenu de l'enclave américaine de Cuba.

Mohammed el-Gharani, un Tchadien de 21 ans, a déclaré à Al-Jazira que ses gardiens l'ont battu à coups de matraque et l'ont aspergé de gaz lacrymogène, a rapporté la chaîne panarabe. Ces commentaires ont été publiés sur le site d'Al-Jazira, mardi.

Les États-Unis n'ont jamais autorisé de journalistes à interroger les prisonniers de Guantanamo et Al-Jazira n'a donné aucune précision sur la manière elle a réussi à entre en contact avec el-Gahrani.

Un porte-parole de la prison, le vice-amiral Brook DeWalt a déclaré au quotidien «Miami Herald» qu'el-Gahrani a apparemment profité d'un ses coups de fil hebdomadaires à sa famille pour parler avec le journaliste d'Al-Jazira. Ce même porte-parole a ajouté qu'il n'y a aucune preuve pour confirmer les violences dont el-Gahrani affirme avoir été victime.

Ni les avocats du détenu ni DeWalt n'ont pu être joints par l'Associated Press.

El-Gahrani n'a pas donné pour ces violences présumées mais a toutefois précisé qu'elles s'étaient produites avant l'élection du président américain Barack Obama le 4 novembre dernier. Depuis, Obama a ordonné la fermeture du centre de détention de Guatanamo d'ici la fin de l'année.

Le prisonnier explique qu'il avait refusé de quitter sa cellule parce qu'il n'avait pas le droit de parler aux autres détenus et qu'on lui a refusé une «alimentation normale». Il a souligné que six soldats en tenue anti-émeutes l'ont alors sorti de sa cellule pour le battre, brisant une de ses dents.

«Je pouvais à peine voir ou respirer», a dit el-Gahrani.

Un juge américain a ordonné en janvier la libération du prisonnier tchadien, jugeant insuffisantes les accusations de l'armée américaine selon lesquelles el-Gahrani aurait appartenu au réseau terroriste Al-Qaeda et travaillé avec les Talibans en Afghanistan. En attendant sa libération, el-Gahrani est aujourd'hui détenu dans une section de la prison de Guantanamo où les prisonniers jouissent de meilleures conditions.

Il avait été arrêté au Pakistan en 2001 dans une mosquée et remis aux forces américaines en 2002. El-Garahni a été l'un des premiers prisonnes de Guantanamo et aussi l'un des plus jeunes.

Les États-Unis détiennent quelque 240 hommes sur la base de Guatanamo à Cuba, la plupart pour des liens présumés avec le réseau d'Oussama ben Laden ou les Talibans.