Le président américain Barack Obama a promis de s'opposer à la piraterie au large de l'Afrique, le jour où un chef pirate menaçait de venger la mort de ses hommes tués la veille dans le sauvetage spectaculaire d'un capitaine de la marine marchande américaine.

«Je veux dire très clairement que nous sommes résolus à stopper l'augmentation» de la piraterie dans cette région, a dit M. Obama au lendemain de la libération du capitaine Richard Phillips des mains des pirates qui le retenaient en otage depuis cinq jours sur un canot dans l'océan Indien.

M. Obama a appelé à la coopération internationale face à la montée de la piraterie, tandis qu'aux Etats-Unis, la classe politique se préoccupait des retombées politiques de ce qui a volontiers été décrit comme le premier véritable test du sang froid du nouveau commandant en chef.

«Nous allons devoir continuer à coopérer avec nos partenaires pour empêcher de nouvelles agressions, nous devons continuer à être prêts à nous y opposer quand elles surviennent et veiller à ce que les auteurs de ces actes de piraterie rendent des comptes pour leurs crimes», a dit M. Obama.

Le chef du groupe de pirates, Abdi Garad, a promis lundi de venger la mort de ses hommes sur des Américains.

Si le succès de l'opération des forces spéciales ne semble pas devoir ajouter beaucoup à la popularité de M. Obama, un échec aurait fait mauvais effet après à peine trois mois de présidence.

M. Obama est resté discret pendant les cinq jours qu'a duré l'épreuve, avant de publier dimanche, après la libération, un communiqué rendant hommage au courage du capitaine Phillips et au savoir-faire de ses sauveteurs.

Les adversaires de M. Obama commençaient déjà à s'émouvoir de l'humiliation que pouvait représenter le spectacle donné par une poignée de pirates tenant un capitaine en otage devant les bâtiments de la marine américaine.

«Nous avons la marine la plus puissante de l'Histoire, nous avons la capacité de faire régner l'ordre dans la zone si nous le voulons, nous avons avec nous toute l'Alliance atlantique», a dit l'ancien président républicain de la Chambre des représentants Newt Gingrich.

Mais le secrétaire à la Défense Robert Gates a observé qu'il n'y a pas «de solution purement militaire» à la piraterie.

«Aussi longtemps qu'existe cet immense nombre de gens pauvres et que les risques demeurent faibles, il est à mon avis impossible de maîtriser» la piraterie, a-t-il commenté.

La marine marchande doit assurer une présence armée à bord de ses navires, a estimé le vice-amiral William Gortney, commandant des forces navales américaines. Il a également suggéré que les armateurs installent des barbelés le long des coques de leurs cargos.

Le représentant Joe Sestak, un ancien amiral, a appelé les compagnies maritimes à empêcher les abordages en utilisant des dispositifs non-mortels, tels que des sirènes, des barbelés à lame de rasoir ou de la graisse.

«J'hésite vraiment à dire que nous pourrions armer nos équipages (civils)», a déclaré cet ancien amiral, estimant qu'une confrontation entre des marins peu entraînés et des pirates pourrait tourner au drame.

M. Sestak a préconisé un redéploiement de la marine américaine dans la région, avec des drones de reconnaissance aérienne et des forces de réaction rapide avec hélicoptères.

Les Etats-Unis étudient la possibilité de juger sur leur territoire l'un des quatre pirates qui s'est rendu dimanche alors que ses trois complices étaient abattus, a indiqué le département de la Justice. Les quatre pirates étaient âgés de 17 à 19 ans.