Le président américain Barack Obama a affirmé vendredi qu'Al-Qaeda menaçait les Européens encore plus que les États-Unis et réclamé plus d'efforts de leur part pour combattre le terrorisme en Afghanistan.

À Strasbourg, transformée en camp retranché, où les policiers français affrontaient des manifestants anti-OTAN, M. Obama a souligné l'importance de l'Alliance atlantique, qui fête son 60e anniversaire, et l'enjeu de l'opération la plus risquée jamais menée par l'OTAN.

En raison de la proximité de ses bases arrières en Afghanistan et au Pakistan, «il est probablement plus vraisemblable qu'Al-Qaeda lance une grave attaque terroriste en Europe qu'aux États-Unis», a mis en garde M. Obama, lors d'une conférence de presse avec le président français Nicolas Sarkozy.

«L'Europe ne devrait pas s'attendre à ce que les États-Unis portent seuls ce fardeau», a-t-il déclaré un peu plus tard devant des milliers de jeunes rassemblés dans un grand gymnase de Strasbourg.

«C'est un problème qui nous est commun. Et il nécessite un effort conjoint», a-t-il ajouté, à quelques heures d'un sommet des 28 membres de l'OTAN qui devrait être dominé par l'Afghanistan.

Nicolas Sarkozy a répété pour sa part que la France avait déjà envoyé des renforts en Afghanistan. «Nous sommes prêts à faire davantage sur le plan de la police, de la gendarmerie, sur le plan de l'aide économique pour former des Afghans et pour l'Afghanisation», a dit le président français. Paris a décidé d'envoyer 150 gendarmes en Afghanistan.

L'OTAN, déployée depuis 2003 en Afghanistan où elle commande désormais plus de 60.000 soldats, n'a pas réussi à endiguer les attaques de plus en plus meurtrières des talibans.

Les États-Unis ont annoncé l'envoi de 21 000 militaires supplémentaires. Le président Obama pourrait décider d'en envoyer 10 000 de plus.

Mais, comme la France, la plupart des Européens préfèrent se concentrer sur la formation de l'armée et de la police.

Les dirigeants de l'Alliance devraient annoncer l'envoi de quatre bataillons, soit 3.000 à 4.000 hommes pour garantir la sécurité de la présidentielle afghane prévue en août,

La Grande-Bretage devrait envoyer plusieurs centaines de militaires supplémentaires pour les élections, a annoncé un porte-parole du premier ministre Gordon Brown. L'Espagne a promis 12 militaires supplémentaires. L'Allemagne et l'Italie ont déjà annoncé leurs contributions.

Très consensuel depuis le début de sa tournée en Europe, qui a débuté par un sommet économique du G20 et se poursuivra, après le sommet de l'OTAN, en République tchèque et Turquie, le président américain a rendu un hommage appuyé au président français.

«Il ne cesse de faire preuve d'imagination, de créativité», «il est présent sur tellement de fronts qu'on a du mal à suivre» parfois, a relevé le président américain.

Quelques heures plus tard, avec la chancelière Angela Merkel dans la ville allemande de Baden-Baden, il a déclaré que l'Allemagne était «un membre solide de l'Alliance».

La chancelière pour sa part a souligné l'importance de la solidarité entre alliés, quand l'un d'eux est attaqué.

Au cours du dîner qui ouvre le sommet vendredi soir à Baden-Baden, les 28 alliés devaient essayer de s'entendre sur la candidature au poste de secrétaire général de l'OTAN du premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, soutenu par Washington, Londres, Paris et Berlin mais à laquelle s'oppose Ankara.

«J'ai la conviction que nous devrions réussir ce soir à désigner un nouveau secrétaire général de l'OTAN», a déclaré Mme Merkel.

Outre l'Afghanistan, ils doivent aussi débattre des relations en dents de scie qu'entretient l'OTAN avec le difficile partenaire qu'est la Russie.

Le sommet retourne samedi à Strasbourg, désertée de ses habitants et sous très haute surveillance policière.

Vendredi, des heurts violents ont opposé pendant plusieurs heures les forces de l'ordre à des militants anti-OTAN au sud de Strasbourg et deux gendarmes ont été blessés. A Baden-Baden, 500 à 800 protestataires ont défilé sans incident.