A l'approche d'une tempête de neige inquiétante, les habitants des plaines du nord des Etats-Unis, sinistrées par des inondations historiques, redoutaient dimanche que le fleuve gonflé par la fonte des neiges balaye les digues de fortune et se déverse sur les maisons.

A Fargo (Dakota du Nord), une digue protégeant une école a rompu tôt dimanche, un incident que le maire a qualifié de «piqûre de rappel» à ceux qui pensaient que le pire était passé. «Ce genre de choses va continuer, je vous le garantis», a estimé le maire, Dennis Walaker, appelant «à rester vigilants».

Les Etats du Dakota du Nord et du Minnesota ont été placés en état de catastrophe naturelle, après la crue sans précédent en 112 ans de la Red River gonflée par les chutes de neige des derniers mois.

En dépit des digues construites à grand peine par les bénévoles, ce fleuve, qui trace la frontière entre les deux Etats menace encore de déverser ses flots dans la vallée de Fargo, une ville de 92.000 habitants, et à Moorhead, qui abrite 35.000 personnes sur l'autre rive, côté Minnesota.

Une tempête de neige accompagnée de vents forts annoncée dimanche après-midi pourrait aggraver la situation, en provoquant des vagues susceptibles de faire sauter les digues.

Un avis d'alerte météo posté sur le site internet du Dakota du Nord prévient que la tempête de neige pourrait s'étaler de dimanche après-midi jusqu'à lundi soir, avec des vents soufflant entre 40 et 72 km/h.

«Les vents d'est associés à cette tempête pourraient causer des vagues jusqu'à 60 cm de haut (...) et avoir des conséquences sur les digues de l'ouest le long de la Red River. Il y a toujours une possibilité pour que le niveau du fleuve s'élève encore», peut-on lire sur le site internet.

Les autorités craignaient que 30.000 personnes se retrouvent sans abri. Déjà des milliers de personnes ont quitté leurs maisons tandis que des hôpitaux, des cliniques et des établissements scolaires ont été évacués.

«On nous presse d'évacuer la ville mais nous nous y refusons», a déclaré le maire de Fargo, déjà passablement désertée par ses habitants, «nous n'allons pas abandonner notre ville, nous avons trop investi».

Mais «à un tel niveau d'eau, nous sommes bien sûr branchés sur le mode surveillance-réaction», a-t-il dit.

Par endroits, l'eau atteignait les maisons à hauteur du 2e étage. Inlassablement, les bénévoles s'évertuaient à entasser des sacs de sable pour renforcer les digues, tandis que des patrouilles militaires tentaient de colmater les brèches.

La région avait eu quelques heures de répit samedi quand le niveau des eaux a légèrement diminué le long des 77 km de digues, en raison des températures polaires qui ont ralenti la fonte des neiges.

Dimanche, le niveau du fleuve était stable à 12,21 m, au niveau du record de 1897 mais en deçà de la cote de samedi à 12,4 m, en-dessous de la plus haute digue de Fargo à 12,59 m.

Mais les autorités ont averti que le fleuve en furie n'avait pas encore dit son dernier mot.

Curt Kesselring, un habitant de Fargo, a déjà vécu quatre inondations dans lesquelles il a perdu sa maison à deux reprises. «Je crois que nous avons traversé (le pire) mais il y a encore plein de choses qu'on ne peut pas prédire», a-t-il dit.

Par le passé, des responsables de Fargo avaient réclamé 800 millions de dollars pour ériger des digues permanentes le long du fleuve. «Je suis sûr que nous allons avoir des millions de dollars de dégâts avec seulement ces digues (temporaires)», soutient le maire adjoint Tim Mahoney, «allez voir dehors c'est une zone de guerre».